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Critique de Hit-Girl #4

par Auray le jeu. 7 nov. 2019 Staff

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Hollywood version Chewing-gum

Quand on ouvre en ce moment Hit-Girl, on sait que l'on ne va pas trop réfléchir et avoir de la violence de la part d'une petite fille. Un bon tome pour moi, c'est un scénario dans ce sens certes, mais avec au moins une légère réflexion derrière. Ça tombe bien, pour cette virée dans Hollywood, elle sera accompagnée au scénario par Kevin Smith, un réalisateur qui a aussi travaillé pour Marvel à (re)découvrir dans le Marvel deluxe, Spider-Man/Black Cat, l'enfer de la violence.

Pourtant, ça commence mal, car j'ai le malheur de ne connaître aucun de ses films dans la longue liste donnée en fin de tome : Clerks en 1994, Mallrats, Chasing Army, Dogma ou Tusk, comme le petit dernier, Jay and Silent Bob reboot. Bref, autant dire que pour le coup, les extraits de dialogues du film Tusk indiqués en introduction, je ne les aie pas vus. Est-il si culte ? Que penser d'un réalisateur qui se cite lui-même ? De plus, les autres citations du Batman de Nolan ou Casablanca passent par la trappe..., peut-être qu'une annotation aurait été la bienvenue, ou une plus grande mise en valeur tout simplement que dans la seule introduction ?

Par contre, je me suis régalé des clins d'oeil à l'oeuvre originale de Mark Millar et de John Romita Jr et même des scènes d'amertume concernant Big Daddy, le papa décédé de Mindy. Mais, on ne s'arrête pas là avec la venue du dernier du clan Genovese qui a survécu au massacre perpétré dans le troisième tome et autant le dire par avance, « le pauvre », car Hit-Girl aime le travail bien fait.

Sinon, on a une légère critique des réalisateurs prédateurs usant fortement de leurs pouvoirs pour abuser sexuellement de jeunes actrices. Ici l'oeuvre se tend vers la catharsis en punissant sauvagement ces idiots. Vous l'avez deviné, l'évènement à l'origine du mouvement Mee Too est passé par ici, et Kevin Smith a su en tirer parti, pourtant le dessin n'est pas toujours à la hauteur. Effectivement, comme on a une actrice qui est le sosie de Hit-Girl, du fait que c'est son histoire qui est adaptée au cinéma, la bataille finale entre les deux est risible : deux personnages habillés presque pareils et se ressemblant fortement physiquement, qui se battent et se mélangent... l'ensemble reste très difficile à suivre, même en regardant continuellement leurs cous (une a le nœud papillon, l'autre un col). Rien de tel pour se perdre dans le final. Ici, même les couleurs fades ne favorisent en rien le manque de clarté. Pernille Orum, la dessinatrice, est-elle responsable, ou c'est le scénario ? Un peu des deux, car quand elle illustre le premier chapitre qui est sans paroles, tout est pourtant limpide, mais pour d'autres scènes, on la voit autrement. Il faut croiser la case où l'on arrache les oreilles et on se demande ce que c'est, ou encore celle de la soudaine apparition après son acolyte de l'actrice en costume de Hit-Girl pour la première fois pour les lecteurs... un costume composé sexes masculins qui est à peine reconnaissable la première fois, et franchement, tant mieux, car ça reste de très mauvais goût.

Petit aparté pour signaler tout de même les couvertures toujours impeccables de Francesco Francavilla et les variantes extrêmement bien composées d'Amanda Conner qui sont, eux, un régal pour les yeux.

Malgré la critique des réalisateurs pervers en fond ou le lien avec la continuité, ce Hit-Girl m'a vraiment moins plus dans les idées graphiques. La dessinatrice Danoise de la web-série de Warner Brothers, DC Superhéro Girls, n'est pas toujours responsable, son côté enfantin va pas trop mal à ce monde de brutes. Pourtant quelques cases moins bien illustrées, et des batailles brouillonnes ont eu raison de ce livre. La méthode d'utiliser la violence pour dénoncer une autre forme de violence ne fonctionne pas ici, on est là pour choquer par l'intermédiaire d'un défoulatoire par catharsis, et c'est tout! Car, lorsque l'on voit cette jeune actrice arracher le sexe d'un homme, ou cette gamine faire un selfie sur une scène de massacre, on se dit que c'est la foire au mauvais goût. Si on prend la case telle qu'elle, c'est difficile à regarder même si elle joue certainement sur le fait d'éduquer les jeunes filles à ne pas se laisser avoir par le vicieux, ce n'est vraiment pas sûr que ça soit compris par tout le monde...

En bref

Dénoncer la violence en montrant une autre forme de violence n'est pas forcément une solution pour tout, la méthode ici ne fonctionne définitivement pas. Le sujet de fond concernant le mouvement Mee Too après l'affaire Weinstein ne m'a aucunement gêné, bien au contraire, par contre le flop du final dans la bagarre des deux sosies et quelques cases brouillonnes beaucoup plus. Pourtant, j'ai apprécié les liens avec Kick-Ass... Bref, de la demi-mesure pour ce dernier Hit-Girl, dommage, le sujet était intéressant, mais il reste peut-être trop proche de nous dans le temps ou alors la violence de Hit-Girl s'y prend mal pour le coup, la faute à un mauvais goût pour la plupart du temps. Que les femmes pardonnent aux hommes de leurs jeux d'enfants, voir de leur manque de maturité sur ce tome.

6
Positif

Le courage d'aborder un sujet d'actualité comme l'affaire Weinstein...

Le lien avec la continuité

Les couvertures de Francavilla et les variantes d'Amanda Conner

Negatif

… mais le sujet reste mal abordé par une foire au mauvais goût et la violence courant sur ce titre est ici est mal utilisée

La bagarre entre les deux sosies est très difficile à suivre

Quelques cases ratées dans leur interprétation souhaitée

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