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Critique de Sayonara Miniskirt #1

par MassLunar le dim. 8 mars 2020 Staff

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Derrière le sourire d'une Idol...

[Lecture réalisée sur un service - presse]

Sayonara Miniskirt est le nouveau shojo manga d'Aoi Makino, une mangaka qui s'était faite remarquer en France pour The end of the world , un shojo plutôt sombre et nuancé autour d'un triangle amoureux sur fond d' ijime (le harcèlement scolaire au Japon). Je ne connaissais pas le travail d'Aoi Makino mais je recommande chaudement Sayonara Miniskirt  dont le premier volume  va paraître ce mercredi 11 mars. C'est un shojo manga plutôt surprenant aux multiples ficelles et facettes.

Il faut souligner que nous sommes déjà loin du cliché shojo façon romance bluette. Nous sommes plutôt dans un slice of life aux accents de thriller et de quête identitaire. Dans son nouveau titre, Aoi Makino nous raconte le parcours d'une ex- "Idol", une jeune pop-star au Japon, leader d'un groupe de jeunes chanteuse type lollypop qui a décidé de renoncer à sa célèbre vie suite à un terrible événement. Sans vous en dire plus, notre ancienne idole a décidé de changer , changer d'apparence et d'identité. Fini les mini-Jupes, Karen est devenue Nina, une jeune fille qui s'habille en garçon. Mais sa rencontre avec le jeune judoka prodige du lycée va peut-être devoir amener Nina à affronter de nouveau son passé ...

Je n'en dirais pas plus sur l'intrigue qui a déjà le mérite d'être à la fois intimiste et très actuelle. Dans un même axe, nous suivons à la fois le parcours identitaire de Karen/ Nina et, dans un plus vaste ensemble, le regard porté par les hommes sur les jeunes femmes à travers la figure de la mini-jupe, notamment par le biais de la figure souvent fantasmée des Idoles, des jeunes stars de pop-rock. C'est un sujet assez délicat qui pourrait être traité de manière plutôt maladroite mais c'est sans compter le regard aiguisé et la maîtrise scénaristique d'Aoi Makino qui semble être rompue à l'écriture d'intrigues complexes et délicates comme cela devait être le cas sur The End of the World

L'autrice aborde les rapports hommes/femmes et la question du harcèlement à travers notamment des dialogues ciselés, parfois cruelles, issus de la bouche des lycéens, des adultes qui tentent de mettre en dérision les différents actes de perversité  sur des filles dans les transports en communs sous prétexte qu'elles le "cherchent" avec leurs mini-jupes... La souffrance est ainsi mise en dérision et jamais écoutée. Aoi Makino délivre un shojo manga terriblement actuel et qui fait d'autant plus sens dans une société japonaise où le sujet du harcèlement est, je pense, beaucoup plus tabou ou plus cloisonné.

Rappelez-vous tous ces nombreux moments dans les mangas où on voit des otakus limite en nage devant des magazines érotiques ou devant leurs idoles favorites. Sans vouloir le réduire, je pense notamment aux mangas d'Hiroya Odu.  Dans Sayonara Miniskirt, Makino met justement en abyme  ce moment, tout d'abord à travers les yeux de son héroïne qui ne s'accepte plus en tant qu'idole par crainte mais aussi à travers les yeux d'une société qui ne cherche pas à aller plus loin que l'apparence. 

Le travail d'Aoi Makino est également remarquable car l'autrice durant ce premier volume n'est pas non plus une moralisatrice en puissance. Certes, c'est un titre critique mais les personnages de Sayonara Miniskirt ne sont ni blancs ni noirs. Ils sont tout en nuances et tout en contrastes. Plus qu'une vision féroce, Makino décrypte les relations dans un regard plus réfléchie. Le personnage "masqué" de Nina/ Karen en est un exemple. L'auteure choisit davantage de mettre en valeur les émotions et l'affect autour de ces protagonistes ce qui fait de ce titre un titre profondément humain.

De plus, l'auteure donne aussi un coté thriller à l'intrigue ce qui apporte une tension supplémentaire à ce titre. Je n'en dirais pas plus de côté-là mais disons que cela rajoute une nouvelle corde à l'arc de ce shojo plutôt varié. Bien qu'il soit grave, le nouveau titre d'Aoi Makino n'est jamais pesant. Son dessin est de toute beauté. L'autrice joue avec la figure de la Lollydoll et ses grands yeux pour faire davantage ressortir cette symbolique identitaire chez Karen/Nina, un personnage très fort. qui se réfugie derrière une fausse masculinité pour mieux oublier sa féminité. C'est vraiment un dessin symbolique du genre.  Il y a une petit ambiance qui mêle à la fois des tons graphiques tendres avec quelques effets de lumières, des trames plus "shojo" pourrait-on dire, et des tons plus inquiétants, plus graves davantage ancrés dans le thriller et la réalité critique. 


En bref

Les éditions Soleil Manga publient ici une petite surprise avec la nouvelle série d'Aoi Makino, peut-être l'une des autrices les plus matures dans le domaine du shojo. Ce premier volume nous réserve pas mal de surprises dans le traitement d'un sujet difficile et tout en nuances. Loin d'être une simple quête identitaire, Aoi Makino pose un regard réfléchi sur l'apparence et le harcèlement. Une Idol qui vous percera le cœur.

9
Positif

Un regard aiguisé et réfléchi sur des thématiques complexes.

Une atmosphère tout en maturité

Un style graphique symbolique dans lequel l'auteur joue habilement avec les codes du genre.

Negatif

Quelques petites longueurs dans la narration.

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