De cendre et d'espace (surtout d'espace)

Sans surprise, voici une nouvelle série du prolifique Christophe Bec accompagné cette fois  au dessin  par Fabrice Neaud, un dessinateur qui s'était bien remarqué en 97 avec la parution de Journal, un titre autobiographique édité chez l'ancienne maison d'édition Ego comme x.

Les amatrices et les amateurs du travail de l'un des plus célèbres scénaristes de sf dans la bd française retrouvent sans surprises mais sans doute avec un bon enthousiasme ces récits intenses au caractère catastrophiques qui démarrent progressivement tout en immersion avant de basculer dans un mélange d'aventure, de mystère et de peur. Labyrinthus ne fait donc pas exception aux ingrédients scénaristiques habituels de Mr. Bec. La recette sf / mystère et clichés façon blockbusters entourent ce nouveau titre. Une bonne qualité de ce Labyrinthus est qu'il possède une entrée en matière assez lisible dans le sens où , par rapport à Olympus Mons (autre titre SF/thriller de Bec), il y a moins d'éparpillement, moins de lieux et de personnages qui nous obligent, nous lecteurs, à se montrer attentifs. Ici, l'intrigue est plus cadré. De plus, elle démarre dans une petite ambiance assez inquiétante avec notamment un scientifique qui découvre l'existence d'une lune en orbite autour de Mars puis, quelques années plus tard, du triste sort réservé à un malade. Un début assez accrocheur avec un fond noir, un petit jeu de clair-obscur qui donne un grain fantastique et flippant à ce premier tome. 

Notons le dessin de Fabrice Neaud dont le style réaliste parvient à donner corps à cette ambiance même si je trouve que certaines de ses expressions sont plutôt rigides ou au contraire un peu molles. Mais, dans l'ensemble, ce dessinateur offre un bon travail notamment avec l'image des vaisseaux et de cette lune qui possède vraiment une aura horrifique des plus sympathiques même si rien n'est véritablement transcendant dans ce premier volume.

Cette bd se savoure aussi bien qu'un petit film de sf sans grandiloquence mais avec suffisamment d'attrait pour ne pas regretter la soirée bière et pizza. Le scénario est progressif, très linéaire avec des personnages comme souvent traités en surface excepté faite de l'artiste autiste qui possède le plus d'importance mais, l'important chez Bec, ce ne sont pas tant les protagonistes que leur rôle et leur rapport avec l'intrigue. Bref, dans le fond , on suit une équipe de militaires qui va tenter de découvrir le secret de ces cendres. Ce qui est dommage, c'est que les auteurs choisissent de ne pas s'étendre trop longtemps sur cette catastrophe cendrée. C'est regrettable car nous avons au final peu de visuels de ce monde en cendres, le scénariste préférant recadrer son scénario dans ce qu'il fait de mieux, la SF et la découverte de l'inconnu , de préférence d'origine extra-terrestre. Le divertissement fait son travail mais, force est de constater, que ce volume 1 manque un peu d'âme et de chair et reste dans des sentiers bien connus. 

Toujours est t-il que Labyrinthus est prévu en deux tomes. Et vu le final de ce premier volet, on peut s'attendre à un tome 2 plus claustrophobe à l'allure de huit-clos qui pourrait donner éventuellement une image moins périssable et plus marquante de cette petite série.