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Critique de The Boys #2

par MassLunar le jeu. 12 nov. 2020 Staff

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Sinistre vérité sur les supers-slips

Continuons cette ascension peu ragoutante sur cet anti-monde de supers-héros que nous a joyeusement concocté cet être si turbulent qu'est Garth Ennis toujours accompagné au dessin par le non moins génial Darick Robertson. 

J'y reviendrais sans doute à chaque critique d'un volume mais vous n'apprécieriez pas The Boys si votre tolérance à la dégueulasserie et à l'humour féroce de Mr.Ennis a ses limites. L'un des scénaristes les plus agressifs de l'univers du comics démolit avec une rare radicalité le monde des supers-héros. Ce n'est même plus une question de burlesque. Les supers-slips sont décadents, psychopathes, névrosés et tout simplement irresponsables. Ce tome 2 augmente encore un poil pubien  le level en terme de dégueulasseries bien senties, scènes crades et vomitifs. Vous êtes prévenues mais en même temps si vous en êtes au tome 2, c'est que vous en redemandez.

Au risque de me contredire, il serait assez réducteur de réduire The Boys à une jubilatoire désacralisation du super-héros. Les boys sont bourrins mais l'oeuvre de Garth Ennis est aussi une boucherie fine. Ce second volume apporte une dose de vulnérabilité bienvenue aux personnages. Nous découvrons véritablement les conséquences psychologiques sur le comportement des supers-héros et sur la puissante firme Vough-American. Des séquelles qui se lisent sur le visage des The Boys. Hughie, notre jeune et sympathique écossais, découvre la véritable horreur qui se cache derrière certaines organisations de supers-héros comme les G-Men, parodie décadente et brisée des X-Men forcément. Le féroce leader des The Boys, notre charismatique Billy Butcher , l'avait prévenu. Ce dernier est aussi plus nuancé dans ce second opus. Nous découvrons les blessures derrière son rictus, notamment face à une première confrontation verbale avec Le Protecteur. Le leader des P'tits Gars n'en apparaît que plus menaçant et redoutable, surtout lorsque son sourire narquois disparaît pour de bon sur certaines cases.

C'est un second volume plus " sérieux " sur certains passages ce qui donne vraiment un bel équilibre à la série. Même si Garth Ennis fait un peu trop d'accumulation dans les passages trash ou justes dégoutants comme la fête de la Saint-Patrick qui accumule les clichés sur du vomi, le scénariste n'oublie cependant pas de créer une véritable tragédie derrière son univers. Le drame de l'avion en est un exemple. Ce passage souligne définitivement l'irresponsabilité des supers-héros, et plus précisément des Septs qui tentent de stopper l'un des avions responsables des attentats du 11 septembre. Ce chapitre est juste infernal. Ce second volume est particulièrement haletant mais nous avons tout de même droit à un peu de repos avec la relation entre Annie et Hughie qui se développe dans ce second tome ( ce qui n'empêchera Garth Ennis de nous y pondre une scène subtilement drôle comme il en a le secret !). 

Au niveau de l'intrigue en général, on peut reprocher à Garth Ennis de prendre un peu son temps. L'auteur est tellement généreux dans la peinture au vitriol de son univers qu'il en oublie parfois de donner une véritable progression à l'intrigue. Cette générosité pourra sans doute lasser un lectorat un peu plus pressé quand à la confrontation directe contre les Sept qui se laisse un peu désirer. Certaines séquences sont purement satiriques et ne sont pas nécessaires au déroulement de l'intrigue comme le chapitre consacré à la Saint-Patrick que j'ai trouvé un peu lourdingue...

Bien sûr, The Boys ne serait rien sans l'osmose qui unit le scénariste et le dessinateur. A ce titre, Darick Robertson fournit encore une fois un excellent travail. Il multiplie les design parfois grotesques pour les supers-héros. Dans son dessin, on ressent cette volonté de faire presque un pastiche du super-héros qui se brise au moindre excès de la part des supers-slips. Le dessinateur est toujours aussi à l'aise dans le trash et l'action et  multiplie les planches mémorables. Il faut également saluer son travail lors de séquences plus subtiles. Un exemple pour illustrer cette harmonie entre le dessinateur et l'auteur, c'est la discussion entre le père brisé et La Crème au début du chapitre 27 qui dévoile toute la sensibilité poignante de cette scène où le dessinateur joue pas mal avec les effets d'ombres pour relever le chagrin du vieil homme. Ce genre de passages est tout simplement excellent et apporte un degrés de maturité à The Boys qui , encore une fois, n'est pas une simple œuvre satirique et brutale. C'est aussi un titre rongé par une certaine humanité. 

En bref

Sans surprise, ce second volume reste dans une même veine trash et satirique. Toutefois, le sourire féroce cède la place à davantage de vulnérabilité. On découvre les fêlures cachés de certains personnages et l'origine de ces supers-héros qui sont avant tout un produit commercial. La satire est plus forte, parfois un peu longue, mais ce second volume de The Boys reste toujours aussi généreux et intransigeant.

8
Positif

Un volume plus sérieux et vulnérable sur certaines scènes avec des personnages plus dévoilés et des séquences tragiques ( celle de l'avion)

Le duo Ennis/ Robertson toujours aussi bon !

Negatif

Une satire un peu étirée sur certains passages

Une accumulation de dégueulasserie pas forcément nécessaire ( mais bon, c'est The Boys pas The Dolls ! )

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