L'ennemi de tout le peuple !
C'est avec cette couverture collector un peu décevante puisqu'elle cache celle de cette chère Miss Hudson de l'autre côté, que nous retrouvons les aventures de notre cher Prince du crime, des aventures qui depuis 2 tomes environs reviennent aux canons de cette version manga, ce qui me plaît beaucoup.
Dans ce tome, nous assistons à une longue mise en scène autour du personnage du député Whiteley, qui se bat sur le terrain légal pour faire aboutir une égalité de fait dans ce pays pourtant très inégalitaire. Il offre ainsi aux frères Moriarty la vitrine dont ils avaient besoin pour faire aboutir leurs idées, ce dont ils comptent bien se servir. Mais c'était sans compter un sacré coup du sort !
J'ai beaucoup aimé la mise en scène de ce tome. Dans un premier temps, nous entrons dans l'intimité de Whiteley et nous découvrons l'homme derrière le député. C'est fait certes un peu rapidement mais c'est le tempo donné depuis le début dans cette saga et cela permet de vite cerner le personnage. Le jeu qui s'instaure ensuite entre les différents grandes figures du crime en coulisses est assez fascinant. Ils tirent tour à tour les ficelles autour de ce député emblématique pour tirer le meilleur profit des actions qu'il pourrait mettre en branle. Ce n'est ensuite qu'une question de vitesse pour que le clan des gentils ou des méchants l'emporte.
Le coup de théâtre qui intervient m'a surpris je l'avoue. Il recomplexifie l'histoire qui était en passe de devenir peut-être un peu trop simple et facile. Whiteley devient alors le pion majeur de cette redistribution du jeu et cela nous amène tranquillement, nous lecteurs, au portrait de Moriarty, Prince du crime, tel qu'on le connait dans le canon de Sherlock. Les auteurs proposent ainsi un joli tour de passe passe pour faire se corréler le costume qu'ils ont fait endosser à leur Moriarty, un homme pétri d'ambitions égalitaires pour son pays, et le costume que l'on connait depuis toujours à ce rival sans pitié de Sherlock. C'est extrêmement bien joué.
Ainsi la critique de la société inégalitaire anglaise d'autrefois est bien utilisée dans cette intrigue pour développer les personnages, apporter de l'action, des rebondissements et du suspens, tout en dénonçant quelque chose de scandaleux. Le lieu et les acteurs de la politique anglaise ne sont pas épargnés non plus et c'est justifié. Cela donne un cadre crédible aux aventures qui se déroulent et cela donne véritablement corps aux personnages. Bien vu.
En revanche, je serai plus perplexe quant à l'idée de déjà faire revenir Sherlock dans le jeu et d'introduire de nouveaux éléments de ses histoires que l'on connait tous : les allusions de son frères à sa mort face à Moriarty tandis qu'il le traque, ou encore les fiançailles de John avec Mary. Ce sont des éléments que je ne voyais pas arriver si tôt. Le premier à la limite peut-être parce que comme le dit Mycroft, le temps est compté désormais maintenant que Le Prince du Crime est devenu l'ennemi n°1 d'Angleterre, mais le second n'a que peu d'intérêt à ce stade et dans cette histoire.
En bref
Ce dixième tome fut donc à nouveau une bonne surprise grâce à des auteurs qui ont su, dans la majeure partie de ce tome, faire le lien astucieusement entre leur vision de Moriarty et celle du canon de Conan Doyle, le tout avec une intrigue rythmée et avec un fond. J'espère qu'ils vont poursuivre sur cette lancée.
Positif
Un bon sens du rythme
Le lien fait entre les deux visions (manga et nouvelles) de Moriarty
Une critique toujours acerbe de la société et politique inégalitaire d'alors
De beaux affrontements intellectuels entre les antagonistes
Negatif
Le retour de Sherlock dans l'histoire de manière un peu forcée dans les dernières pages
L'ajout d'élément de l'histoire de Sherlock qui n'apportent pas grand-chose
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