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Critique de Grimm Fairy Tales #1

par Ben-Wawe le mar. 30 nov. 2021 Staff

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Nombreuses maladresses pour un Robin des Bois féminin aux thèmes contemporains

Reflexions Editions, connu comme Dark Comics Editor, fait vivre plusieurs aspects de la culture populaire, dans tous ces genres. L'on y retrouve ainsi des aventures de Judge Dredd, Snake Plissken ou The Crow, mais également des comics Zenescope.
Zenescope Entertainment est une maison d'édition américaine fondée en 2005, qui lance rapidement un univers partagé riche et surprenant via leur titre principal : Grimm Fairy Tales. Les fondateurs Joe Brusha et Ralph Tedesco reprennent les grands mythes, contes et légendes bien connus dans leur Grimm Universe. Ils les adaptent en tissant des liens, en jouant sur les interactions mystiques pour créer un tout uni... mais aussi sur des tenues et postures sexy sur les couvertures.

Bien des titres sont proposés, avec plusieurs relances et de nouveaux personnages qui deviennent des piliers. Tel est le cas de Robyn Hood, version féminine du célèbre mythe britannique, dont la première saga créée en 2012 est aujourd'hui proposée par Reflexions Editions.
Mais de quoi parle Robyn Hood : Origin ?

Robyn Locksley est une adolescente à problèmes. Elle multiplie les familles d'accueil, après la mort terrible de sa mère, malade et abandonnée par son père. Ce dernier, sale type, a formé Robyn au vol et sa violence l'a transformée en dure à cuire.
Robyn n'a pas sa langue dans sa poche et s'attire l'inimité de Cal King, roi du lycée et fils d'un notable local intouchable. Cal se révèle vicieux et sadique, et fait endurer le pire à Robyn avec deux amis, sans que personne ne l'aide ou la défende. Elle est même mise en cause pour des dégâts causés au véhicule de Cal, et tout semble perdu pour elle.

Mais Robyn se retrouve soudain dans la dimension de Myst, cœur de l'univers partagé Zenescope. Elle y apprend sa véritable origine, et découvre que le Roi John dirige le Royaume de Bree d'une main de fer.
Robyn, animée d'une juste colère, désireuse de rentrer mais aussi de stopper chaque brute qu'elle croise, entend alors vaincre le Roi John pour retourner sur Terre. Elle se découvre des capacités étonnantes, mais aussi de surprenants alliés avec les Joyaux Compagnons, influencés par la légende grandissante de la mystérieuse Robyn Hood.

Robyn Hood : Origin est digne de son titre ! Le lecteur découvre bien la base, les piliers de cette version féminine du fameux voleur, avec un début, un milieu et une fin ouverte.
Le contrat est ainsi pleinement rempli, sur cet aspect au moins.
Pat Shand signe seul le scénario, mais a rédigé l'histoire avec Joe Brusha, Raven Gregory et Ralph Tedesco. Le quatuor réalise une adaptation assez pertinente, en suivant cependant des schémas assez classiques.
Robyn est ainsi une héritière mystérieuse d'énergie obscure, abandonnée sur Terre loin d'une naissance entourée de ténèbres. Elle a une existence « évidemment » misérable, mais en obtient une détermination de fer et un refus de l'injustice. Robyn est bien une voleuse, d'abord pour elle et sa mère, puis ensuite pour redonner aux pauvres du Royaume de Bree, par défi envers le Roi John.
Elle rejoint les Joyeux Compagnons, attirés par son exemple. Et Robyn est bien une archère émérite, avec ici des fondements magiques encore étranges.

En soi, Robyn Hood : Origin coche toutes les cases pour une adaptation contemporaine dans une approche mystique. Les alliés habituels sont présents, y compris une Marianne dans un rôle magique surprenant. Robyn a certes un costume sexy et des couvertures dans la même veine, mais les planches ne visent pas à mettre en avant sa sensualité.
Cette production Zenescope n'est ainsi pas une bande-dessinée qui abuse des charmes de son héroïne, et l'ensemble du récit est alors classique... très classique.
Trop classique.

Quatre auteurs pour une telle histoire ? Cela laisse songeur en découvrant cette intrigue qui ne passionne pas, et perd rapidement tout rythme. Robyn Hood : Origin se révèle tristement prévisible, avec des rebondissements attendus, sans jamais de surprise.
Robyn vit le pire. Robyn s'enfonce. Robyn arrive dans Myst. Robyn s'énerve. Robyn mène la révolte contre son gré puis y prend goût. Robyn avance, puis revient sur Terre, et le final est lui aussi fort attendu.
Zéro originalité, hormis le canevas habituel Zenescope, et donc peu de dynamisme et d'intensité.

Ne pas être surpris n'est pas en soi un défaut majeur, mais Pat Shand et ses copains ne réussissent pas non plus à rendre Robyn attachante.
Attention, le personnage vit véritablement le pire et le premier épisode est particulièrement difficile, tant ses drames sont révoltants et terribles. Sa colère est légitime, et il est tout autant crédible qu'elle ne soit pas « sympathique » avec les autres, après ce qu'elle a vécu.
Cela étant dit, Robyn n'est jamais « gentille » avec quiconque, immédiatement après ces horreurs ou durant l'année qu'elle passe sur Myst. Pat Shand la réduit au prototype de la femme en colère, ce qu'elle est... mais sans bénéficier d'aspects qui permettraient à tous les lecteurs de s'attacher à elle.
A vouloir trop en faire, Pat Shand fait de Robyn Locksley un personnage crédible dans ses drames et son traumatisme, mais qui demeure difficile à appréhender. Cela résonne bien avec l'actualité, qui voit à juste titre la mise en avant de tels thèmes, mais le récit est tellement maladroit qu'il finit par taper à côté de sa cible.

Robyn Hood : Origin laisse alors l'impression d'être un récit « rape and vengeance » trop classique, avec un personnage intriguant sans que l'intrigue réussisse à l'élever ou à emporter le lecteur. Et surtout, si le scénario patine, le graphisme est lui une débâcle.
Dan Gasl et Rob Dumo réalisent chacun un épisode, alors que Larry Watts signe les trois autres... et aucun n'est bien dessiné. Tous trois semblent essayer de bien faire, mais ce n'est pas suffisant pour bien raconter une histoire, ou proposer de belles images. Les actions sont particulièrement peu dynamiques, ce qui est dommage pour les bagarres ou les scènes fortes.
Les personnages sont déséquilibrés, les postures sont mal fichues, la narration est bancale et les visages sont généralement loupés. Larry Watts est le « moins pire » des trois, mais sa production est à peine passable.
Triste paradoxe, par rapport à des couvertures certes sexy mais bien dessinées, elles.

En bref

Robyn Hood : Origin propose les débuts d'une des icônes de l'éditeur Zenescope, et le lecteur intéressé y trouvera tout ce qu'il faut pour la connaître et se projeter dans ses futures aventures. L'adaptation est très classique, mais pertinente, avec tous les aspects du mythe repris ici. Quel dommage, alors, que le scénario patine, se perde dans la caractérisation de l'héroïne et soit illustré par des dessinateurs encore trop faibles.

4
Positif

Un récit complet et clair sur l'origine d'un Robin des Bois féminin.

Les bases très classiques mais finalement efficaces d'un nouveau personnage, dans un univers partagé mystique.

Des thèmes contemporains pour une héroïne abusée qui reprend le contrôle.

Negatif

Un récit bien trop classique, sans surprise et sans dynamisme.

Une héroïne à la caractérisation maladroite, à qui il est difficile de s'attacher.

Un graphisme bien trop faible.

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