Le temps des Beaux Gosses

ATTENTION SPOIL MAJEUR

Ce cinquième volume de la fameuse archi-célèbre série dessinée autobiographique de notre cher Riad Sattouf fait un peu penser à son film Les Beaux Gosses, sa première réalisation avec Vincent Lacoste. Pour rappel, nous les retrouvons tous les deux dans le nouveau titre de Mr. Sattouf Le jeune acteur...

En effet, dans ce volume, Riad a quatorze ans, il prépare sa rentrée au lycée et dans la continuité du précédent opus, nous suivons un ado plutôt obnubilé par une fille de sa classe, un jeune homme qui laisse ses esprits vagabonder sur de charmants paysages tout en tentant (ou pas) de se faire une place entre les élèves dominants et les dominés. Seul constante qui semble le démarquer : le dessin. C'est durant ses années que Riad Sattouf étoffe son dessin, se met à lire abondamment et développe une certaine culture qui elle-même enrichira ses traits. Merci Mr. Sattouf pour ces références à Lovecraft, l'un des plus grands auteurs de fantastique devant l'éternel. C'est durant ces années que Riad Sattouf fera aussi la rencontre d'une fille un peu original qui lui fera découvrir Bilal, Druillet ou Moebius. La vie hormonale bat son plein (désole pour la qualité plus que douteuse de cette phrase) , nous sommes en plein dans le cadre des Beaux Gosses mais l'artiste se développe aussi et fait du dessin sa force. Un volume qui est une nouvelle fois plus intimiste tandis que Riad prend de l'âge et forcément a pris conscience du caractère borné et radical de son père.

Mais qu'en est t-il justement du contexte familial actuel en cette année 1992 ? Forcément, après le kidnapping du benjamin de la fratrie par le père, l'ambiance est au désespoir surtout pour la mère qui multiplie les cernes et les moments de léthargie tout en entamant une procédure de divorce qui pourra lui permettre de retrouver son fils. Le volume est donc un peu pesant mais encore une fois l'auteur a le mérite de ne pas noyer son récit dans du pathos. Il nous fait vivre sa vie à travers une vision qui ne se limite pas au cercle familial puisqu'une bonne partie de ce livre est consacrée à ses rencontres, ses amis, son quotidien au collège, sa vie à Rennes... même si la pensée du père et du petit frère hante régulièrement l'esprit de Riad. 

De ce fait, le père est quasiment absent. C'est une ombre qui se manifeste par quelques petites lettres. Pour Riad, son passé en Syrie ressurgit parfois sous l'image de son cousin qui, tel une fausse conscience, vient s'offusquer du quotidien de Riad lorsque celui-ci regarde une fille "impudique" ... Les petites pensées critiques envers les "mécréants " fusent parfois et apportent un contrepoint comique au quotidien français de l'auteur. 

Ce volume se déroule en France, plus précisément en Bretagne et à Rennes avec l'entrée au lycée. On reste dans la colorisation bleutée propre au quotidien en France qui dénote avec le rouge alarmiste calqué sur les pensées, répliques et moments critiques avec notamment un fil conducteur pour la chevelure rouge d'Annaick, le premier amour de l'auteur ou le rouge englobant les références pop-culturels qui ont forgé la culture du dessinateur. Pour le coup, cet opus se rapproche parfois plus d'une autobiographie un peu plus classique centré sur la genèse du dessinateur. Mais encore une fois, cette autobiographie est aussi emprunte d'autodérision et n'éclipse pas des moments forts et touchant comme cet acte final dans lequel et pour la première fois  Riad parle avec son père au lieu de l'écouter passivement....

Le volume s'achève et laisse prévoir un volume 6 qui sera sans doute aux dire de l'auteur le dernier tome de cette vie si romanesque partagé entre la Syrie et la France. Un ultime volume qui mettra sans doute un point d'orgue sur cette relation père-fils. 

En bref

Un volume plus doux mais qui garde une certaine amertume à travers les turpitudes de l'adolescence et l'ombre du père. Encore une fois, l'auteur joue habilement de son regard sur les souvenirs ne privant pas le lecteur de ses émotions mais cette fois-ci le dessinateur du haut de ses 14 ans est aussi beaucoup plus présent et confirme sa vocation.

8
Positif

Les années ado, justement captées entre humour et amertume

Un récit vivace qui s'achève sur un remarquable chapitre tout en tension

Les références pop-culturelles qui ont forgé la culture de l'auteur

Un petit peu de nostalgie des années 90, cela fait toujours plaisir !

Negatif

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