Critique de Marvel-verse - Les éternels
par Ben-Wawe le ven. 10 déc. 2021 Staff
Rédiger une critiqueDes récits agréables pour une introduction des Eternels malheureusement peu représentative de leur univers
Novembre 2021 marque la sortie du film Les Eternels pour une nouvelle proposition surprenante du Marvel Cinematic Universe. Panini Comics en profite pour proposer Marvel-verse : Les Eternels, afin de faire mieux connaître ces personnages méconnus.
Les Eternels sont en effet créés par Jack Kirby en 1976, pour son retour chez Marvel après un passage chez DC où il a notamment proposé Le 4e Monde, berceau du tyran Darkseid. Les Eternels ont des similitudes avec les Néo-Dieux, mais sonnent comme une approche encore plus cosmique et philosophique du King des comics.
La première série des Eternels s'arrête après 19 épisodes et 1 numéro annuel. Les personnages tombent dans l'oubli, malgré 12 numéros en 1985 pour une relance sans suite. Quelques apparitions tentent ensuite de raviver l'intérêt des lecteurs, sans réel succès.
Il faudra la mini-série de prestige réalisée en 2006 par Neil Gaiman et John Romita Jr pour relancer les Eternels, puis une série dérivée qui elle aussi s'arrêtera après quelques numéros. Les Eternels retombent dans l'anonymat, jusqu'à un nouveau volume récent, pour surfer sur le film plusieurs fois décalé par la crise sanitaire.
Mais, au fond, qui sont les Eternels ?
Il s'agit d'êtres issus de modifications génétiques impulsées par les Célestes, ces divinités cosmiques si mystérieuses. Ces derniers sont venus sur Terre il y a un million d'années, et ont transformé des premiers hommes pour former deux races. D'une part les Déviants, des êtres instables génétiquement au physique grotesque. De l'autre les Eternels, à la durée de vie immortelle, physiquement parfaits et surpuissants.
Les Célestes sont partis, malgré quelques retours, et les Eternels se considèrent leurs agents, comme protecteurs de la Terre contre les Déviants. Plusieurs Eternels se sont mêlés aux Humains, et ont inspiré bien des mythes. Comme le fier et puissant Ikaris, la guerrière Thena ou la manipulatrice de matière Circé, qui a également intégré les Avengers un temps.
Marvel-verse : Les Eternels vise ainsi à familiariser les lecteurs avec l'univers de ces personnages qui restent méconnus... mais cela ne fonctionne pas pleinement, même si la lecture est agréable.
Le volume débute avec New Eternals : Apocalypse Now, long épisode spécial publié en 2000 qui voulait relancer les Eternels.
Le lecteur y découvre Ikaris, Thena et Circé, mais aussi d'autres Eternels, bien moins connus. Ils font face à la menace de Déviants troublés, transformés par un accident nucléaire qui ne semble pas de leur fait. Le mutant Apocalypse manipule dans l'ombre pour assurer la survie des plus forts, alors que les Eternels hésitent sur leurs possibilités, dans un monde qui rejette déjà l'Homo Sapiens Superior.
Les scénaristes Karl Bollers et Mike Higgins proposent un épisode qui se lit bien, mais ne marque pas et n'emballe pas non plus. Le numéro devait amener les Eternels sur une nouvelle direction, en les faisant passer pour des super-héros alors qu'ils cachent leur véritable nature. Cela rappelle les premiers Thunderbolts, intervenus quelques années avant, où des super-vilains se faisaient passer pour des super-héros. L'idée plaît tièdement.
L'ensemble manque d'originalité, alors que l'affrontement entre les Eternels et Apocalypse n'a pas assez de fougue, malgré son potentiel sur le papier. Joe Bennett illustre l'ensemble classiquement, mais est loin de la réussite graphique d'Immortal Hulk ou même de ses Hawkman, quelques années après.
Une lecture agréable, mais qui tape à côté de son objectif et de son potentiel.
Est ensuite proposé Incredible Hercules n°116, qui met en avant le duo Hercule & Amadeus Cho après son succès durant World War Hulk.
La déesse Athéna guide son demi-frère et le jeune génie vers San Francisco, qui abrite alors un Céleste géant et endormi, comme vu dans la saga de Neil Gaiman. Ces mêmes Eternels ont des souvenirs flous, et prennent Hercule pour l'un des leurs... et le quiproquo prend un tour violent quand les caractères s'échauffent.
Les scénaristes Greg Pak et Fred Van Lente proposent un épisode agréable, mais n'utilisent les Eternels que comme pour sublimer leurs personnages. Leur portrait d'un Hercule perdu est bon, notamment en le voyant hanté par son histoire et ses aspects glauques, comme son rapport avec son père. Amadeus Cho en est alors à ses débuts, et le petit génie est un chenapan sympathique. Mais les Eternels ne font « rien » ici, hormis se bagarrer sans réfléchir pour servir les autres personnages.
Une lecture sympathique en elle-même, donc, mais qui abaisse l'aura des Eternels. Rafa Sandoval livre des planches réussies, dynamiques, même si cela manque de netteté et, plus gênant, de puissance dans les combats.
Enfin, le volume s'achève avec Hulk n°49, un épisode également de 2008 centré sur la série du Hulk Rouge, alors le général Thunderbol Ross lui aussi irradié aux rayons Gamma.
Hulk Rouge et son équipe d'alliés rencontre ce qui semble être une hydre, ce qui interpelle les Eternels, car ceux-ci en ont combattu beaucoup dans l'Histoire. Circé enquête, la discussion se crispe quand elle comprend que cette hydre a une origine scientifique. Les Eternels sont partagés sur leur manière d'agir face aux humains, et Ikaris vient violemment expliquer son point de vue à Hulk Rouge.
Jeff Parker scénarise un épisode hélas faible, pour refermer ce Marvel-verse : Les Eternels. Rien ne fonctionne, que cela soit comme épisode en lui-même, avec un rythme lourd et des rebondissements sans grande cohérence, ou comme présentation des Eternels, qui discutent sans qu'on sache vraiment de quoi.
Dommage, car cela aurait pu, dû donner une rencontre intéressante, entre les Eternels, incarnation de la puissance historique, et Hulk Rouge, symbole de la nouveauté brutale. Elena Casagrande illustre l'ensemble sans faillir, mais sans non plus montrer le talent qu'elle a actuellement sur la série Black Widow (lien ici).
En bref
Marvel-verse : Les Eternels est une lecture agréable, mais qui n'atteint pas son but de bien présenter les Eternels. Ceux-ci bénéficient ici de récits qui soit les orientent dans une direction impromptue, loin de ce qu'on attend d'eux, soit en font des personnages pleinement secondaires. Cela se lit bien, mais cela ne sert pas réellement les Eternels, qui demeurent mystérieux après avoir terminé l'ensemble. Dommage.
Positif
Des épisodes agréables à lire.
Un rendu graphique général qui ne brille pas mais a une qualité moyenne assez bonne.
Un bon rapport pages / prix, pour plusieurs épisodes et plusieurs belles illustrations des Eternels.
Negatif
Des récits qui ne présentent pas ou mal les Eternels.
Des Eternels toujours mystérieux après la lecture.
L'épisode Hulk n°49, qui ne fonctionne absolument pas.
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