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Critique de Tony Chu, détective cannibale #1

par Auray le mar. 28 déc. 2021 Staff

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Tony bouffe-tout

Une totale découverte

J'ai découvert le dessinateur Bob Guillory sur le tard, lorsqu'il a commencé à dessiner farmhand. Je fais donc partie d'un lectorat qui a complètement loupé l'aventure Tony Chu. Justement, ça tombe bien, le tout ressort dans les belles intégrales made in Delcourt.

L'objet en lui-même

Le livre est magnifique et digne, à mon avis, de vos étrennes. C'est un grand costaud qui portera cinq cents douze pages sans déchirer un seul de ses muscles. Le terme gargantuesque a ici une double signification. Il est vrai que c'est lourd entre nos mains, mais, tellement classe, que l'on lui pardonne facilement. Le prix de près de quarante euros est tout à fait mérité, et même, très économique, car au final, vous avez en tout quatre tomes simples en un.

L'histoire de John Layman (et un peu de la mienne)

Pendant que je lisais, mon fils âgé de six ans s'approche et regarde ce que je fais. Avant même de lui répondre, il me demanda ce que grignote le monsieur dans son assiette. Je dis que c'est bien ce qu'il pense, et que c'est un doigt. Évidemment le « beurrrrrk » est vite sorti de sa bouche, qui semble plus propre que celle de Tony Chu sur le moment.

Une explication s'ensuit rapidement de ma part. Tony Chu est un détective qui se sert de sa capacité afin de deviner d'où provient tout ce qu'il mange, son passé, s'il y en a un, ou alors, à défaut, son origine. Le tout est très utile pendant ses diverses enquêtes. Mon fiston me balance un « aaaaaah », et retourne jouer, comme si tout été de nouveau normal en ce monde.

Mais, je ne suis pas d'accord avec ce sentiment, rien n'est normal dans le monde de Tony Chu, car je suis carrément en terrain inconnu, et, au final, j'adore ça !

Le premier livre sert vraiment à poser les personnages, comme les différents coéquipiers de Chu, ou le patron de son agence de la R.A.S., Applebee. On a même déjà la délicate Amélia Mintz, qui elle, arrive à décrire ce qu'elle mange avec tant de détails, que pas à seul journaliste n'arrive à sa cheville. Bien entendu, c'est à double tranchant, puisque cela peut même vous faire sentir nauséeux lors de la lecture d'un article sur un ingrédient bien dégoutant, par exemple. Sympathique !

Sinon, la première aventure met le pied à l'étrier, certes. Mais, la suite m'a aussitôt piégé, je n'arrivais plus à quitter mon pavé avec cette intrigue principale de très longue haleine. Attention, ça reste très digeste, grâce aux multiples cliffhangers et au rythme assez doux. Plus on avance et plus on trouve des personnages burlesques assez travaillés. Parfois, on regrette même leur mort, comme cette femme ninja dans le deuxième livre se déroulant sur une île qui est tout, sauf paradisiaque. Leurs fruits par contre, sont au top ! Car, je ne vous l'ai pas dit, l'heure est à la prohibition... du poulet ! La faute à une grippe aviaire qui a fait des millions de morts, rien que sur le sol américain. On s'amuse beaucoup avec cette thématique, notamment dans la dernière partie, avec cette histoire de fast-food.

Bob Guillory, cet artiste incroyable

Je crois que je suis vite devenu fan du jeune Bob Guillory (car à deux années près, il a mon âge ! ). Le style cartoonesque est très réussi, les couleurs aussi, car, c'est de notre homme également. Le tout est très dynamique avec les positions en tous genres, les différents points de vue qui sont au service du scénario. Mais, ce qui me plaît le plus, ce sont les détails.

À la fin, je lisais les bulles comme les affiches, les étiquettes sur les objets, les journaux, les post-it, et j'en passe. On se marre aussi bien en y lisant divers avertissements sur le fait de consommer du poulet, ou alors, sur les auteurs et leurs états psychologiques incertains, ou encore, tout simplement, sur la situation illustrée. On a même parfois des affiches de films. J'ai reconnu l'Arme Fatale, saga culte des années quatre-vingt, aux côtés de Mel Gibson et Danny Glover. D'ailleurs, l'ambiance s'y prête vraiment parfois avec ces dialogues cultes. Et, il faut voir la famille de dingues de Chu dans le livre trois, ça inspire, forcément !

Comme le disent si bien les bonus, celui-ci s'éclate également lors des révélations du détective qui mange tout et n'importe quoi. On s'amuse à regarder ses nombreuses petites cases en un nombre suffisant pour remplir parfois des doubles pages. L'ensemble veut bien dire quelque chose, c'est pour cela que les détails ont leur importance. On suit vraiment les idées qui passent par la tête des différents intervenants.

Le petit plus

On a un peu plus de vingt pages de suppléments tout à fait respectables, quelques couvertures alternatives, des esquisses conceptuelles préliminaires, des images promotionnelles, une carte de Noël, ou des couvertures refusées. Mais, le meilleur reste cette Cène de Chew lié au célèbre tableau représentant cette fois les morts et les vivants de la série. Quel travail et quel rendu ! Une photographie des créateurs clot cette aventure éditoriale de façon rigolote, pour ne pas changer les bonnes habitudes acquises.

Fin de la première gargantuesque édition

Je dois vous avouer que si j'étais un peu froid à l'idée de suivre les aventures de Chu, même sur le tard, c'était parce que le mot cannibalisme lui était affecté. Pourtant, l'horreur est surtout au service d'enquêtes, d'aventures loufoques, avec toujours un soupçon de vérité sur les différents gouvernements qui règnent sur ce monde et le nôtre. Le travail de nos deux artistes s'est avéré payant, aussi bien dans son identité graphique, que dans ses dialogues, et, il serait alors dommage à présent de ne pas prendre cette magnifique séance de rattrapage en vol. Un grand bravo aux Éditions Delcourt pour leurs magnifiques intégrales issues de leurs différents catalogues, qui décidément, ne sont jamais réellement morts. En attendant le deuxième tome de Tony, vous pourrez vous ruer sur celui de la série The Goon d'Éric Powell, prévu en janvier 2022.

En bref

« Donnez-nous le poulet et il n'y aura pas de blessés. »

8
Positif

Un livre très solide, fidèle dans ce que fait de mieux Delcourt

Un prix très correct pour 512 pages (39,95 euros)

Une histoire qui se suit comme un dessin animé de luxe

Des dialogues épicés

Des personnages complètement barrés

Des intrigues qui donnent envie de poursuivre sa lecture

Un véritable travail sur le visuel, le character design, l'ambiance générale...

Quelques suppléments

Negatif

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