Quand le sang ne fait qu'un tour !

Nouveauté de chez Kana dans leur collection si "ténébreuse" intitulée "dark" , voici Tôgen Anki , un manga décrit par son éditeur français comme "un shonen d'aspect sombre et sanglant tranchant ainsi avec le shonen traditionnel".

Il est vrai qu'au niveau de l'enrobage , Tôgen Anki met l'accent dès ce premier tome sur des combats dont le sang est la pièce maîtresse. Nous suivons une guerre entre deux clans, plus précisément entre leurs descendances  : le clan momotaro et celui des Oni, les fameux démons de la mythologie japonaise. Les descendants des Oni ont pour particularité de se battre avec leur sang qu'ils arrivent à modéliser sous différentes formes et techniques. Les combats se résument ici à des confrontations totalement ensanglantés. 

En terme d'action, ce premier volume pose les bases d'une série féroce et dynamique renforcé par le dessin de Yura Urushibara qui signe ici sa première série. Yura Urushibara impose facilement son style qui est pleinement concentré sur de l'action glauque et poisseuse avec un chara-design charimastique confrontant des guerriers tout en cicatrices avec moultes expressions de fureur.

Rien à redire donc du côté de la castagne. Les amateurs de shonen décomplexés qui préfèrent la baston à la parole devraient leur compte sans problèmes et ce dès ce premier tome qui s'ouvre sur un combat opposant deux guerriers aguerries du clan Momotaro. Le découpage est nerveux avec quelques effusions  de violences bien placées. Bref, les combats ont de la gueule et il est vrai que pour un titre catalogué shonen, graphiquement nous nous situons à un niveau supérieur que la simple et usuel goutte de sang qui perle au coin de la bouche. De plus, le manga se soucie avant tout de son rythme en offrant dès les premières pages du combat, thème qui va s'enchainer tout au long de ce volume avec une confrontation face au mentor ou l'habituel épreuve de sélection qui va s'entrechoquer de combats...

Mention spéciale tout de mêmes aux techniques variées et stylées qui peuplent ce manga comme le coup du parapluie ou encore les lames en dents de scie surgissant des bras sans parler des armes à feu du héros. Le sang est vraiment mis en valeur et donne un ton plus violent et agressif à l'action. Le mangaka joue vraiment avec cet élément insistant sur sa texture poisseuse, jouant avec les corps cicatricés de ses personnages. Il y a une petite touche de body horror qui donne un certain ton au manga, il faut bien le reconnaître. 

Cependant, quand on décide de privilégier tel élément d'une série , on a tendance à mettre à l'égard d'autres composants d'un bon manga. C'est le cas ici avec le scénario qui est si lisse qu'il en devient presque inexistant. Ce premier tome de Tôgen Anki donne l'impression d'être un shonen en mode accéléré dans le sens où le background du scénario est à peine exposé et où l'auteur accumule dès le premier volume quelques poncifs telle que l'école, les épreuves de séléction, les figures clichés de personnages comme l'élève ténébreux, le héros teigneux, bête et bagarreur ou encore le naïf personnage féminin au bon cœur.

A la description de Kana qualifiant ce shonen " tranchant avec le shonen traditionnel" , je répondrais non. Tôgen Anki , du moins dans ce premier tome, présente juste un shonen un peu plus sanglant et féroce que la moyenne mais il ne tranche pas avec un schéma typique que nous retrouvons dans bon nombres de titres anciens ou nouveaux. Certes, il ne faut pas juger à la lecture du premier tome. C'est sans doute pour cette raison que l'éditeur a également publié un coffret collector réunissant les deux volumes mais c'est quand même dommage de devoir lire à chaque fois deux tomes pour se faire une idée peut-être plus juste de la qualité du manga ( du moins pour son début). 

Ce qui est regrettable, c'est que Tôgen Anki fait le choix de nous faire partager son intrigue à travers le point de vue des descendants des Oni qui sont censés être les démons de l'histoire, les méchants de l'histoire. Il y a donc un point de vue antihéroique de base plutôt intéressait et qui aurait amplement mérité d'être beaucoup plus exploité afin d'apporter plus d'enjeu et d'attractivité à cette histoire qui peine à se faire remarquer. Au lieu de cela, nous assistons directement à un combat qui présente vite fait notre héros et son objectif : la vengeance. Les enjeux glissent sous la lecture avec un antihéros peu développé si ce n'est son attitude de furieux rebelle. Le prétexte est ici uniquement le combat sans réel soucis de profondeur scénaristiques.

Un déséquilibre qui dessert ce premier volume à tel point que les péripéties suivantes sont finalement peu importantes. Notre héros va rentrer dans une école pour former les Oni dans cette guerre qui les oppose au clan Momotaro et, comme dit précédemment, nous retrouvons les habituelles étapes de l'apprentissage...

Cet avis ne concerne que le premier tome. A voir si le scénario rejoint la densité des combats auquel cas, cela pourrait donner un peu plus de coeur à ce Tôgen Anki.


En bref

Malgré un parti pris technique intéressant qui fera plaisir aux amateurs de combats tout en férocité, ce premier volume de Togen Anki possède tout de même un scénario assez faible et déséquilibré de par son background peu développé et ses nombreux poncifs qui sont à peine dissimulés par son faux ton de mauvais garçon. Affaire à suivre.

6
Positif

Techniquement réussi avec de nombreux effets gravitant autour du sang ce qui donne un côté glauque et féroce aux combats.

Ultra-rythmé"

Negatif

Un scénario presque inexistant ou du moins totalement faible entre les poncifs éculés du genre et un background aux fraises.

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