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Critique de Radiant Black

par Ben-Wawe le lun. 4 juil. 2022 Staff

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Patchwork d'influences diverses, assumées et bien mélangées, pour une histoire surprenante, imprévisible et fort jolie

Delcourt propose le premier tome de Radiant Black, nouvelle sensation d'Image Comics qui attire les lecteurs et les intérêts.
Lancée en février 2021, la série de Kyle Higgins et Marcelo Costa bénéficie déjà de plusieurs titres dérivés, ce qui impressionne vu sa jeunesse et l'absence d'éléments historiques pour attirer les lecteurs. Les auteurs forment en effet ici un tout nouvel univers, certes en se basant sur des figures très connues et balisées, mais leur réussite est à acclamer.
Radiant Black s'impose ainsi comme un nouveau venu en pleine bourre, dont le premier volume français se révèle une fort agréable surprise.

De quoi parle, cependant, Radiant Black Tome 1 : Origine (pas si) secrète ?
Nathan Burnett est un écrivain raté, pris à la gorge par une dette financière énorme. Il survit vaguement à Los Angeles via un boulot minable de chauffeur, type Uber. Il ne peut cependant plus tenir, et retourne chez lui – à Lockport, dans l'Illinois. Chez ses parents. La queue entre les jambes, Nathan est chaleureusement accueilli par sa mère, et froidement par un père qui exige qu'il travaille.
Les relations sont difficiles, d'autant que Nathan est rongé par une dépression sévère. Il retrouve heureusement Marshall, ami d'enfance travaillant dans une boutique de location de DVD, et geek assumé. Tous deux font un soir un peu trop la fête... et Nathan découvre soudain une bulle noire, devant lui, similaire à un mini trou noir !
Nathan touche la chose, et se retrouve doté d'un costume noir intégral, avec des super-pouvoirs lui permettant de soulever des choses, de voler, de tirer des rafales ! Perdu, paumé, Nathan essaye de bien faire, et est guidé par un Marshall enthousiaste pour faire de lui un super-héros. Nathan communique difficilement avec une entité liée à la bulle, et le mot « Radiant » revient constamment.
Nathan est ainsi surnommé « Radiant Black » par Marshall, mais... les ennuis ne font que commencer, alors qu'ils découvrent qu'il n'y a pas qu'un seul Radiant. Et, surtout, que ces pouvoirs viennent avec un prix lourd pour le porteur...

On le comprend, Radiant Black Tome 1 : Origine (pas si) secrète est un récit dense, qui propose bien des éléments dans ces six épisodes.
Certes, beaucoup de pièces du puzzle sont connues. Le personnage paumé, qui ne cherche qu'une vie anonyme, qui découvre des super-pouvoirs inconnus, c'est déjà-vu, et Peter Parker est une inspiration claire, voire parfois étouffante. Le copain très enthousiaste, un peu jaloux, un peu maladroit mais bien intentionné, c'est déjà-vu, et Ganke a beaucoup fait dans ce genre. Les premiers pas des super-pouvoirs, les dérapages, l'affrontement avec un ennemi opposé, c'est déjà-vu.
En soi, ce n'est pas grave : une lecture peut être agréable, même si les ingrédients sont déjà connus. Cependant, la spécificité de Radiant Black est... ce que je ne peux vous révéler, sous peine de vous spoiler !

En effet, la moitié de ce premier tome est très classique, attendu ; agréable, oui, mais sans guère de surprise.
Mais, soudain, Kyle Higgins change complètement d'orientation, à la fin du quatrième épisode, et ne cesse alors de surprendre son lecteur. Il change entièrement les règles de la série, en transférant l'exposition sur un autre personnage que Nathan. Mieux encore, il transforme Marshall lui-même, pour qu'il ne soit plus l'assistant sympathique du héros, comme l'on en a trop vu.
Enfin, la fin du cinquième numéro étend encore plus l'univers, et fait passer Radiant Black de saga sur le parcours d'un super-héros mystérieux à... une approche très inspirée des Power Rangers, et oui !

Tout cela passe par des petites touches, avant, et gagne ainsi en cohérence, en pertinence. Kyle Higgins impressionne ainsi par sa volonté de tout changer, tout en gardant une vraie gestion intelligente de ses personnages.
Surtout, le tome se termine sur un numéro écrit par Cherish Chen, qui se concentre sur l'ennemie de Radiant Black. Avec une origine très touchante et prenante, qui relativise entièrement tout ce que l'on a vu avant. Le lecteur est ainsi piégé, et bien pris ensuite, avec une impression troublée à l'issue de tout ceci.
Rien de neuf, en soi, mais de la très bonne gestion des attentes et des rebondissements !

Bien entendu, un lecteur attentif du parcours de Kyle Higgins pouvait s'y attendre : ce dernier a livré bien des épisodes des relances récentes de Power Rangers et Ultraman. Il est ainsi très lié à cet univers particulier, et Radiant Black est aussi vendu comme une nouvelle approche du genre.
Néanmoins, la surprise est réelle et fonctionne bien, et rend le tout imprévisible. Très grisant et dynamique.

Graphiquement, la lecture est très agréable.
Marcelo Costa dessine l'essentiel du tome, dans un style classique, clair et très joli à l'oeil. Le dessin est souple, fluide, réussi. Ça ne révolutionne rien, mais ça fait très bien le job, et l'ensemble demeure très dynamique.
Eduardo Ferigato vient le relayer au cinquième épisode, notamment quand il y a ce fameux changement sur l'approche de la série. Son style demeure proche de celui de Costa, la rupture n'est pas franche, bien que cela soit moins souple et joli que les numéros antérieurs.
Enfin, David Lafuente dessine l'épisode centré sur l'ennemie de Radiant Black. Son trait bien reconnaissable, un peu cartoon, est ici maîtrisé et donne de très belles choses sur ce récit touchant et troublant, plus drame humain que grande folie super-héroïque.
Un graphisme général maîtrisé, cohérent et très joli à l'oeil.

En bref

Remix habile de plusieurs influences, entre le parcours initiatique du super-héros paumé aux étonnants liens avec les Power Rangers (!), Radiant Black est une histoire surprenante et prenante, tout simplement agréable et réussie.

7
Positif

Le changement brutal mais cohérent de la série en cours de saga, rendant le titre imprévisible et prenant.

Des personnages classiques mais bien caractérisés.

Un graphisme très réussi et accrocheur.

Negatif

Un début un rien trop classique, déjà-vu, bien que cela fasse partie du plan.

Des enchaînements parfois un rien automatiques.

Des designs solides, mais qui ne brillent pas forcément graphiquement.

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