Veggie town

Le scénariste Jul, apprenant que la date de la création aux USA, de la société protectrice des animaux par Henry Bergh, en 1866, est contemporaine aux aventures de Lucky Luke dans l’Ouest, il choisit d’en faire le thème central de cette nouvelle aventure de l’homme qui tire plus vite que son ombre.

La série Lucky Luke se prête bien à aborder des sujets de société complexes, par les opinions parfois tranchées qu’ils entrainent. Aussi, après les juifs dans « la terre promise », les noirs dans « un cowboy dans le coton », c’est la protection animale et le monde végan, qui font l’objet de cet opus.

Ovide Byrde, ancien vendeur de barbecues, devient, après avoir écouté Henry Bergh, protecteur des animaux et végétarien. Dans un univers du Far West marqué par la chasse, pour la nourriture ou les peaux, l’élevage de grands troupeaux de bœufs, raison d’exister des cowboys qui les conduisent à l’abattoir pour manger des T-Bone, les idées d’Ovide semblent trop décalées pour qu’il puisse coexister aimablement avec ses voisins. Il est donc l’objet de moqueries et de brimades diverses.

Puis, par hasard, Rantanplan découvre une mine d’or sur ses terres. Cela lui permet, aidé d’un bandit sans scrupules, dont il ne se rend pas compte des méthodes discutables, de transformer sa ville en citée végan et un refuge pour animaux abandonnés. Mais la fin, avec la blessure du cheval le plus intelligent de l’Ouest, lui montrera que l’extrémisme, en ce sujet comme en d’autres, n’est pas la voie à privilégier ; Il vaut mieux éduquer qu’imposer.

Truffé de jeux de mots et s’adressant à toute la famille, cette BD est un moyen, une fois sa lecture terminée, de pouvoir échanger sur ces différents thèmes, entre différentes générations aux visions divergentes.

Le dessin respecte l’apparente simplicité du trait du créateur de Lucky Luke, Morris, mais on ne se trompe pas sur ce qu’il faut de travail et de talent, de mise en scène de chaque case, pour obtenir ce résultat.

Une BD du cowboy le plus rapide (et le plus précis) de l’Ouest qui plonge Lucky Luke et le lecteur au cœur de l’épineux problème de la cause animale et du véganisme au cœur du Far West.