La bd qui nous acclimate au réchauffement climatique

Le monde sans fin est d'abord une parfaite combinaison entre deux esprits, deux corps : le dessin à la fois malicieux et sérieux de Christophe Blain et la rigueur militante et réfléchie de Jean-Marc Jancovici. 

Deux êtres qui unissent leur talent pour délivrer une excellente bande-dessinée vulgarisant sans vulgarité notre situation actuelle au niveau cllimatique, les problèmes inhérents à cette situation et le devenir périlleux de notre planète qui n'est quand même dénué d'espoir. Le constat, bien qu'il soit alarmant, n'est pas désespéré. En tout cas, à travers cette bd, Blain et Jancovici nous donne l'occasion de croire en un monde sans fin. 

Mais avant de faire passer ce message qui trouve surtout son retentissement logique dans la conclusio,  Le monde sans fin est avant tout une bd didactique qui nous instruit sur des notions comme l'énergie,  l'énergie fossile, l'énergie renouvable, la loi de conversation ou encore le cérébral striatum... 

L'auteur de ces lignes ne reviendra pas sur une description précise de ces notions. Laissons la parole à Mr. Jancovici (et aussi une seconde lecture ne serait pas de trop !). Parlons plutôt du bel accord entre le dessin de Mr. Blain et le discours explicatif de Jean-Marc Jancovici. Le monde sans fin est une discussion complexe qui trouve sa simplicité dans le dessin foissonnant de Blain , à même d'illustrer les propos du militant écologiste. C'est drôle , c'est aérien, la bd est porté par un style tout en humour qui n'occulte pas la gravité de ce qui est décrit mais au contraire la transcende vers une forme d'accessibilité plus que bienvenue, loin de certains ouvrages pesant, ronflants ou beaucoup trop condamnateurs. 

Ce n'est donc pas étonnant que Le Monde sans fin soit propulsé en top des ventes depuis plusieurs semaines, sans doute depuis sa sortie. C'est un titre de vulgarisation parfaitement efficace qui dépeint avec une bonne fluidité les rouages et les conséquences autour du changement climatique. Un titre vraiment adapté pour le grand public et qui a le mérite de ne pas s'entreméler avec la doxa comme le montre la volonté pro-nucélaire de Jean-Marc Jancovici. Une pensée plutôt rafraichissante, il faut bien l'avouer. Le monde sans fin est un regard rigoureux porté par une comparaison suivie entre le passé et le présent et une analyse pointue des différents types d'énergie et notre rapport avec celles-ci.

Nous apprenons beaucoup plus sur l'environnement et le climat à travers cette bd que pas mal de discours absconts sur le même sujet que nous pouvons avoir entre amis ou collègues.  

Encore une fois, le dessin de Christophe Blain contribue à illustrer ces différentes notions. Quelques images filées sont plutôt marquantes comme le personnage d'Iron Man qui illustre notre forte dépendance aux énergies ou encore la paisible Mère Nature qui englobe certaines cases. Sans répondre à un découpage précis, la narration est structurée suivant le rythme de la discussion ce qui apporte pas mal d'informations à digérer. A la différence d'un dessinateur de docu-bd célèbre comme Etienne Davodeau, Christophe Blain opte pour un style plus léger et caricatural qui vient animer les gaz à effet de serre, les mouvements d'une emission de CO2; On appréciera quelques clins d'oeils à la pop-culture avec Star Wars ou Mad Max  Puisqu'elle parle d'énergie, la bd déploie elle-même toute son énergie pour animer cette discussion entre la patte et l'esprit.

Par ce refus de céder au tragique, la bd se montre donc très accessible sans basculer dans la bouffonnerie. 

Peut-être, pouvons nous avoir un petit regret quand à une conclusion un peu précipitée dans le sens ou ce titre apporte de très bonnes explications sur cet état de fait climatique sans non plus proposer de solutions fermes même si elles sont dépeintes dans les derniers chapitres. Au fond , Le monde sans fin permet de nous familiariser avec les urgences climatiques tout en préparant un certain terrain personnel aux solutions envisageables mais le titre de Blain et de Jancovici a surtout pour but de nous faire constater.