La révolution des marguerites

Les auteurs se sont réapproprié le chef d’œuvre d’Orwell, pour proposer une fable animale présentant les ressorts de fonctionnement des groupes et des sociétés.

Dans une ferme que les hommes ont quitté, les animaux s’organisent pour produire leur nourriture. Ils sont commandés selon un modèle pyramidal et despotique qui privilégie les animaux les plus forts et a donc placé au plus haut de la hiérarchie un taureau président entouré d’une garde rapprochée de chiens.

L’arrivée, dans le premier tome, d’un rat, conteur ambulant, met quelques doutes dans cette organisation. Il raconte aux animaux comment Gandhi, profitant du nombre des Indiens sous joug anglais, dans leur propre pays, et sans aucune violence, a pu chasser le colonisateur.

Une chatte, mère de deux chatons, Miss B, décide de suivre les conseils de ce rat sage et commence avec un lapin, César, une révolution non violente où les coups et les pierres sont remplacés par une pluie de marguerite. Mais on ne change pas, ni les mentalités, ni le pouvoir en place, facilement et Miss B en fait l’amère expérience, jusqu’au péril de sa vie, personnelle et familiale.

Le dessin est toujours aussi superbe. Les animaux sont criants de vérité, dans leurs proportions en position fixe ou en mouvement ; Ils sont aussi étonnamment remplis d’humanité dans la restitution des sentiments qui les traverse. Les détails d’arrière-scène et les couleurs sont aussi extrêmement soignées. J’apprécie plus particulièrement certaines mises en page, comme la page 19 par exemple, avec un même arbre découpé en quatre cases horizontales s’enchaînant de l’hiver au printemps en montrant l’effet des saisons.

Un conte pour adulte où la raison du plus fort n’est pas la meilleure ; Avec au pinceau un dessinateur animalier et brillant coloriste qui met en musique avec talent cette brillante histoire.