Un bon récit classique en annexe de la nouvelle série Magic, complément très pertinent mais loin d'être autonome

Depuis mai 2022, l'éditeur Black River, issu du groupe Editis comme 404 Comics, publie plusieurs titres basés sur des piliers et grandes sagas de la culture populaire. Plusieurs tomes sont déjà sortis, et notamment Magic Volume Un (lien ici) et Magic Volume Deux (lien ici), basés sur le jeu de cartes inventé en 1993 et développé par Wizards of the Coast.
Le présent titre La Planeswalker oubliée vient en complément de ces deux publications, comme une annexe pour enrichir l'ensemble.

La série Magic livre un récit intense, où l'on découvre la ville formidable de Ravnica, centre du Multivers organisée en plusieurs Guildes qui se projettent dans les Plans des autres mondes. Seuls les Planeswalkers peuvent y accéder, eux qui sont au fond des sorciers capables de manipuler la Réalité et de glisser dans le Multivers.
Les deux volumes proposent une intrigue puissante où un sombre complot menace Ravnica, protégée par trois Planeswalkers fort différents. Il s'agit de Kaya l'Assassin-Fantôme, Ral Zarek le savant et Vraska, dirigeante des opprimés. Ils protègent la ville de l'arrivée de la divinité maléfique Marit Lage, inspirée par le Cthulhu de H.P. Lovecraft.

Magic Volume Deux achève cette saga, mais amène plusieurs personnages annexes qui viennent aider le trio principal.
L'on y découvre notamment Tezzeret, le Planeswalker rebelle, maléfique, spécialisé dans l'utilisation du métal dans ses sortilèges. Lui qui a été mentor de Jace Beleren, Planeswalker héroïque et amant de Vraska, tient un grand rôle dans La Planeswalker oubliée, d'abord dans un numéro dédié puis en oeuvrant dans l'histoire principale.

L'on commence ainsi avec Maître du métal, qui permet de plonger dans la psyché de Tezzeret. Ce félon manipule ainsi plusieurs personnages afin de favoriser sa mainmise sur les dessous de Ravnica, lui qui est obsédé par Jace Beleren mais aussi avide du pouvoir que Marit Lage s'il la soumettait.
Un one-shot plutôt réussi et agréable, avec quelques allers-retours temporels pour une narration efficace. Tezzeret est défini comme un vilain plutôt agréable, assez classique en manipulateur et fourbe, mais avec un certain style et une capacité à se faire souffrir pour réussir.
Un bon moment.

L'on enchaîne avec le cœur du tome, La Planeswalker oubliée. On y suit Liliana Vess, elle aussi Planeswalker mais spécialisée dans la Nécromancie. Elle a perdu son frère et n'a pu le ramener, puis s'est ensuite enfoncée dans la violence et les ombres. Liliana en a été tirée par un proche héroïque mais désormais mystérieusement disparu. Elle tente depuis de se racheter comme professeure au sein de Strixhaven, l'académie des mages.
Liliana tombe cependant dans les manipulations de Tezzeret, qui la force à enquêter pour lui afin de retrouver une Planeswalker oubliée, entrevue dans les souvenirs de Marit Lage pendant sa défaite. La doyenne Kianne et la jeune Dina l'aident, et Vess parvient au Plan d'Aykan, ravagé par la glace... alors que Marit Lage a, jadis, été enfermée aussi dans le froid.
Liliana découvre et libère ainsi Isona Maive, dite le Miroir, qui a jadis lutté contre Marit Lage. Vess va cependant devoir comprendre ce que lui veut Tezzeret – et si Isona est aussi héroïque qu'on le pense...

La scénariste Mairghread Scott propose deux récits liés, qui fonctionnent très bien ensemble et proposent une intrigue solide. Cette autrice, spécialisée dans l'animation (Dragon Age : Absolution, Justice League Dark : Apokolips War...) et qui se diversifie dans la bande-dessinée (Transformers : Windblade, First Second...), reprend bien les principes de la série Magic. Elle intègre intelligemment les éléments principaux de la lourde mythologie, et les reprend pour servir des personnages classiques mais bien tenus.
Ça fonctionne bien pour ceux qui ont déjà tâté de l'ensemble, sans lourdeur inutile.

Surtout, Mairghread Scott s'immerge avec réussite dans le grand plan de Jed McKay, qui écrit le titre principal. La Planeswalker oubliée, dans ses deux récits, se cale ainsi parfaitement en complément des deux volumes de base.
La difficulté est que l'on ne peut lire le présent tome sans avoir lu les autres, mais pour qui a pu les parcourir, cela offre une annexe bienvenue et très pertinente. Cela éclaire intelligemment la figure de Tezzeret, et propose le bon personnage de Liliana Vess, qui est un ajout agréable.

Les personnages, d'ailleurs, sont le point fort de ce tome. Les récits demeurent classiques, efficaces mais assez prévisibles ; même pour la « vérité » sur Inola. La Planeswalker oubliée est une bonne enquête, avec une résolution efficace mais qui ne surprend pas vraiment.
Tezzeret est cependant un bon personnage de fourbe manipulateur, et Liliana est une anti-héroïne dans une veine elle aussi classique mais très efficace. Les secrets demeurent autour d'elle, mais son attitude, son côté revêche et son envie de régler les problèmes apportent une fraîcheur à des ambiances parfois trop binaires dans l'heroic-fantasy.

Le tome La Planeswalker oubliée se parcourt ainsi avec plaisir, pour quiconque sait ce qu'il vient chercher ici. A savoir un bon complément à la série principale, avec des récits classiques mais réussis.
Idem, au fond, pour le graphisme même si l'ensemble est très hétérogène... car 11 dessinateurs se succèdent dans ces 5 épisodes !
Maître du métal est réalisé principalement par French Carlomagno, avec Jorge Coelho et Jacques Solomon sur des récits annexes. Cela fonctionne plutôt bien, dans une veine proche d'Ig Guara sur la série principale. Rien de révolutionnaire, mais une approche solide.
Par contre, La Planeswalker oubliée est dessiné par Fabiana Mascolo, French Carlomagno, Kath Lobo, Roberta Ingranata, Michael Shelfer, Mariano Taibo, Jacques Solomon et Lea Caballero pour les décors. Ouf, quand même ! L'ensemble pourrait être foutraque, et l'est parfois. Mais les couleurs de Francesco Segala, aidé par Gloria Martinelli, permettent de cadrer les prestations et de limiter les dégâts.
Ça passe, mais ça ne brille pas.

En bref

La Planeswalker oubliée est un complément idéal de l'actuelle série Magic proposée par le même éditeur. L'on y retrouve la même mythologie, en creusant ainsi Tezzeret en fourbe manipulateur sombre, et en proposant l'anti-héroïne Liliana Vess. Le récit classique reste efficace, et l'ensemble se lit avec plaisir et fluidité. Un bon moment pour replonger dans les Plans du Multivers Magic !

6
Positif

Des personnages classiques mais bien animés.

Des récits efficaces et prenants, même s'ils n'offrent pas de grosse surprise.

Un ensemble réussi, très bon complément à la série Magic.

Negatif

Une absence de surprise générale, même si l'ensemble est de qualité.

Un graphisme trop moyen, et surtout avec bien trop de dessinateurs.

Un tome qui ne peut se lire seul.

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