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Critique de Assassin's Creed - Brahman

par Ben-Wawe le mer. 22 févr. 2023 Staff

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Une plongée efficace et dynamique dans une autre branche de l’univers Assassin’s Creed, dans un fort beau récit envoûtant et émouvant

L’éditeur Black River s’est lancé en 2022 en France, et concentre ses sorties sur les grandes franchises et univers de la culture populaire. L’on pense ainsi à l'adaptation du jeu de cartes Magic qui bénéficie déjà de trois volumes (lien ici de la critique du dernier paru), mais aussi une adaptation en comics du jeu vidéo Tom Clancy’s The Division (lien ici).
Black River poursuit sa politique en proposant ici Assassin’s Creed : Brahman, une très belle histoire située dans l’univers de la fameuse saga vidéoludique.

Il s’agit de la publication en France du roman graphique publié en 2013 par Ubiworkshop, et réalisé par plusieurs auteurs connus dans le milieu comics.
Le scénario est ainsi signé par Brenden Fletcher (Batgirl of Burnside, Gotham Academy, Black Canary…) et Karl Kerschl (Superman, Teen Titans : Year One…), alors que le dessin est réalisé aussi par Karl Kerschl avec Cameron Stewart (Catwoman, Seven Soldiers : Manhattan Guardian…).

Mais de quoi parle Assassin’s Creed : Brahman ?
Comme d’habitude, des personnages du présent découvrent la guerre millénaire entre les Assassins et les Templiers, avec les manœuvres de l’entreprise Abstergo, dont la technologie permet de revivre les aventures de ses ancêtres grâce à la mémoire génétique.
Ici, au présent, nous suivons en Inde le programmeur génial Jot Soora, qui travaille sur la réalité virtuelle Brahman, développée via des logiciels d’Abstergo. Il trouve d’étranges codes enfouis dans les systèmes, et ramène le prototype chez lui. Il y retrouve sa fiancée Monima Das, une actrice de Bollywood qui cache sa relation pour sa carrière.
Jot découvre que Monima teste l’appareil, et elle revit alors des passages d’une crise intervenue en Inde en 1839 – comme Jot lui-même, dont l’ancêtre a partagé ces événements sombres. On y voit ainsi l’Assassin Arbaaz Mir, qui intervient à la cour du Maharaja Ranjit Singh vieillissant. Arbaaz doit récupérer le diamant Koh-i-Noor, qui est une Pièce d’Eden, artefact rare et puissant. Mir croise cependant la princesse Pyara Kaur, et tous deux se plaisent tandis que les Britanniques s’impliquent, avec quelques Templiers parmi eux…

On le sent, le joueur habitué à la franchise Assassin’s Creed sera en terrain connu ici, avec les allers-retours entre le présent de la découverte de Jot et Monima, et les aventures passées des ancêtres. Cependant, même le novice ici peut tenter de s’y retrouver, car les auteurs donnent quelques légers éléments pour comprendre l’ensemble et surtout profiter d’un bon récit.
En effet, Assassin’s Creed : Brahman ne vaut pas uniquement pour la création d’Arbaaz Mirk, évoqué ensuite dans le jeu Assassin’s Creed : Syndicate et apparu après dans le roman Assassin’s Creed : Underworld puis le jeu Assassin’s Creed Chronicles : India.
Ce personnage, charmeur et intense, est devenu populaire auprès des joueurs, et sa première apparition date de ce roman graphique qui se révèle très agréable en lui-même.
Les auteurs utilisent intelligemment les éléments de la franchise, pour former un récit intense qui touche au cœur, avec une bonne dose de mystère. Le lecteur s’interroge en effet sur les liens entre Jot et Monima, mais aussi sur lequel d’entre eux est bien l’héritier de l’Assassin.
La quête du diamant est ainsi classique, mais ce jeu sur les identités et destins de chacun donne un sel véritable à un récit prenant.

Surtout, les auteurs parviennent à impliquer le lecteur en changeant habilement les points de vue et événements. Si la franchise a habitué à avoir au présent des héros qui ne brillent pas autant que leurs ancêtres, Jot est un bon personnage car il est très faillible. Il a des défauts, de l’ego ; il se vexe, se brusque, se crispe de l’attitude de sa compagne, et commet des erreurs.
Jot est perdu, et sa détresse le rend touchant. Sa relation avec Monima est difficile, mais la jeune femme est aussi agréable à suivre, alors qu’elle sent son compagnon se perdre dans un complot lourd.
L’on comprend en effet qu’Abstergo utilise la réalité virtuelle pour lancer des bouteilles à la mer, afin de récupérer les mémoires génétiques des utilisateurs pour retrouver le diamant. Beaucoup est en jeu, et Jot n’est qu’un homme « normal », littéralement à la dérive dont les mauvais choix vont se payer très lourdement.
La fin douce-amère surprend, mais se révèle pertinente, comme l’idée de localiser l’intrigue en Inde, pas forcément creusée jusque-là par les développeurs.

Assassin’s Creed : Brahman apporte ainsi une mélancolie profonde, une détresse réelle chez ses personnages au présent. Ceux dans le passé ont, comme souvent, l’exotisme, la puissance, la grâce et la classe des grands héros, et il est agréable de les suivre pour une aventure plus classique mais efficace.
C’est bien l’équilibre entre les événements bondissants mais prévisibles du passé, et la chute en avant mélancolique de Jot et Monima qui font de l’ensemble une lecture très agréable. Le rythme est en outre très bon, sans temps mort mais sans précipitation.

Le graphisme est lui fort réussi, car très joli et dynamique.
Karl Kerschl et Cameron Stewart se partagent idéalement l’ensemble, avec des styles proches qui se complètent bien. Il y a cependant un petit manque de décors dans le passé, ce qui est dommage vu la grandeur de l’époque, mais rien de gênant.
Surtout, au présent, les personnages sont idéalement croqués, et une ambiance qui participe à cette douce mélancolie. C’est beau et bon, très agréable à l’œil.
Magnifique, tout simplement.

A noter que Black River propose des pages bonus qui expliquent le contexte, notamment le Maharaja Ranjit Sikh qui a réellement existé. Idem pour le diamant Koh-i-Noor, qui a été perdu mystérieusement. Un ajout pertinent, qui permet de prolonger intelligemment la lecture.

En bref

Assassin’s Creed : Brahman est une belle et bonne lecture, qui lance un personnage important mais propose surtout un récit prenant et émouvant. Des auteurs impliqués livrent une prestation réussie, pour un ensemble bien équilibré, qui surprend intelligemment sur une mélancolie douce-amère déchirante mais efficace.

8
Positif

Une ambiance douce-amère bienvenue et réussie.

Un très bon rythme, sans temps mort et sans précipitation.

Un graphisme très joli et efficace.

Negatif

Il aurait été pertinent de rappeler plus clairement les bases de la franchise, pour les novices.

Un manque de décors dans le passé, ce qui est dommage.

Un classicisme général certain, pas gênant mais qui maintient l'ensemble sous la réussite complète.

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