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Critique de Entre les lignes #7

par Tampopo24 le dim. 9 avril 2023 Staff

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Grandir et s'émanciper

Récit de vie toujours aussi fin et émouvant, Entre les lignes aborde avec justesse la construction de jeunes gens qui se cherchent à l'adolescence mais également à l'âge adulte et propose des réflexions très pertinente sur soi et les autres.

Alors qu'est publié également en parallèle chez nous, The night beyond the tricornered window de la même autrice, je me dis que celle-ci est vraiment une bien fine psychologue et ceux malgré les traductions un peu bancales de ses oeuvres qui rendent parfois ses propos difficilement intelligibles. Elle plonge dans les marasmes de nos âmes, nous poussant à nous questionner et à nous voir nous et les autres bien plus en profondeur qu'on le fait habituellement.

Dans ce tome, c'est Asa qui a la part belle. Petit regret pour ma part de ne pas à nouveau m'attarder sur Makio, sa tante, que j'aime tant et dans laquelle je me reconnais. Mais ce fut d'une belle richesse. Asa est une adolescente et en plus une fille qui vient de perdre ses parents. Elle a donc mille questions tandis qu'elle grandit avec cela. Elle cherche à se construire, à comprendre quel genre de personne elle est ou aimerait être pour elle, mais aussi pour les autres, elle avance donc à tâtons, que ce soit dans son quotidien au lycée, à la maison, avec ses amis ou avec sa tante, mais également dans sa tête.

J'adore cette grande intériorité du titre. Ici, on voit notre jeune héroïne revenir sur les personnes qu'étaient ses parents. Depuis le début, elle se questionne beaucoup sur sa mère, normal c'était le personnage central de sa famille mais également celle qui la lie à Makio qui l'a recueillie. Mais quid de son père ? Enfin, elle réalise qu'elle n'a pas beaucoup pensé à lui depuis sa disparition et se demande pourquoi. J'ai beaucoup aimé ce virage. L'autrice traite avec beaucoup de finesse la question de la place du père dans le foyer japonais et l'image du père qui travaille et n'est pas souvent là à la maison, ce qui le rend absent de la construction de l'enfant mais également de la cellule familiale bien trop souvent portée uniquement par les femmes. Ici, cela se couple en plus de l'image d'un homme assez effacé, assez discret, écrasé peut-être par la présence de sa femme lors des interactions avec d'autres gens, mais cela m'a de suite touchée. Même si elle n'en dévoile pas trop, j'ai été émue par la figure de cet homme effacé par sa femme tellement plus lumineuse que lui. J'espère que l'autrice reviendra vers lui.

Quant à la construction d'Asa, même si ça veut dire délaisser un peu Makio et ses amis, alors que je croyais qu'ils seraient plus présents au vu de la couverture..., j'ai aimé car cela nous a fait passer pas mal de temps au lycée et le lycée vu par Tomoko Yamashita n'a pas grand chose à voir avec le lycée des histoires lycéennes habituelles. Ici, elle nous montre comment se construisent ces jeunes gens, comment ils interagissent la manière la plus banale et naturelle qui soit, et comment ils aimeraient qu'on les perçoive. Asa ainsi va se produire lors d'un concert de musique pop avec son club et cela la travaille beaucoup, faisant remonter des souvenirs. Son amie Chiyo, elle, va devoir surmonter le sentiment d'injustice et de sexisme d'un incident lors d'un concours crucial pour elle. Et le restant de leurs ami(e)s va continuer à observer ces jeunes filles et tenter de les épauler à leur façon avec simplicité. Ça fleure bon la jeunesse !

En bref

Titre qui aurait pu être sombre, Entre les lignes est en fait très lumineux. Il touche à nos zones d'ombre pour mieux nous en extirper et nous faire voir la lumière qu'elles contiennent. J'ai encore une fois adoré ce tome où on voit l'héroïne grandir petit à petit tout en se cherchant et se construisant, en un mélange d'individu issu d'une cellule familiale, et d'individu original. C'est subtil, c'est beau, c'est sobre. J'aime beaucoup la finesse psychologique de Tomoko Yamashita.

8
Positif

Une belle finesse psychologique

Des portraits d'adolescents qui se cherchent

L'analyse de la cellule familiale à la japonaise

Une héroïne qu'on se plaît à soutenir

La représentation sobre et fidèle de la vie au lycée dans paillettes ni mélo

Negatif

Pas assez de Makio

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