Survivre avec un shiba philosophe

Avec le nombre de titres post-apocalyptiques qu'il y a sur le marché et le nombre de mangas que les animaux de compagnie, il est amusant de voir comment Yu Ishihara a réuni les deux dans quelque chose d'assez inédit, mix de récit de road-trip sf et de récit contemplatif et philosophique.

Le format de l'objet est toujours aussi original. Dans un grand format de 130 pages tout en couleur, nous suivons des chapitres composés de yonkama de huit cases correspondant chacun à une petite histoire, un thème. Puis le dernier chapitre rompt avec cela et offre une histoire toujours en couleur mais au format plus classique, avec des dessins bien plus grands qui saisissent du coup. 

Yu Ishihara nous invite donc à une balade qui n'a rien de commun avec les autres. Nous suivons une lycéenne et son chien, Haru, un shiba dans un Japon ravagé. Comme dans Les promeneuses de l'apocalypse, ce duo va arpenter les rues et chemin de la capitale et des lieux alentours, mais contrairement à celles-ci, ils le font sans but et semblent bien seuls au monde. L'auteur joue donc sur cela pour proposer plutôt un récit contemplatif et philosophique basé sur les échanges entre l'humaine et le chien. C'est étrange et savoureux.

Les moments de vie s'enchaînent entre eux. Ils rencontrent parfois d'autres shiba ce qui donne lieu à des moments drôles et cocasses où la jalousie entre souvent en jeu. Ils rencontrent aussi de manière répétée des aliens, très clichés, ce dont l'auteur se sert souvent pour clôturer les chapitres avec humour. Il décline bien des codes de genres différents : SF, horreur, tranche de vie, romance, mais fait aussi références à des éléments culturels, que ce soit dans les petits dessins venant séparer les chapitres où on trouve notamment des duo de Kill Bill, de DJ, de pompom girl ou des duos issus des contes ; ou bien justement dans leurs échanges quotidiens où ils font souvent références à des contes comme Urashima Taro, les sirènes version japonaise, etc. Ça donne un certain charme à leurs échanges.

Après, il faut vraiment être porté sur le tranche de vie contemplatif et les dialogues philosophiques pour apprécier ce titre qui peut se picorer ou se dévorer d'un coup au choix. Il y a un côté un peu répétitif dans les échanges quand même dans ce format et personnellement, ce tome 1 me suffit, je n'ai pas forcément l'envie de poursuivre l'aventure, car il n'y a pas de fil rouge et je ne ressens pas un attachement fou envers ce shiba et sa maîtresse, je trouve juste leurs aventures et échanges sympathiques et cocasses. Il faut dire que je ne suis pas très portée sur la philosophie, alors je trouve souvent les dialogues un peu hors sol pour moi ou déconnecté, décalé, malgré les citations dont ils émaillent le texte à plusieurs reprises.

En revanche, je salue l'édition dont nous fait profiter Meian pour moins de 10€ : jaquette épaisse, papier de qualité, belles couleurs, petit prix. Je salue aussi le travail graphique de l'auteur et notamment sa représentation des créatures de l'histoire : animales ou fantastiques. Ça donne très envie de cajoler tous ces shiba et les aliens, tout comme les sirènes et kappa feraient de très jolies goodies pour accompagner le titre tant ils sont mignons !