Un si long chemin

Comme il est difficile de reconnaître, comme nous l’avons vu dans la dernière planche du précédent tome, dans cette femme fluette et bienveillante aux cheveux gris, China Li. Au travers de quatre tomes d’une épopée historique et familiale, les auteurs nous ont fait partager une période charnière de la Chine. Rompant avec le colonialisme européen, les communistes de Tchang Kaï-chek et de Mao Tsé-toung s’entre déchirent dans une guerre civile qui fait des centaines de mille si ce n’est des millions de victimes. L’impérialisme japonais, profitant de la situation, s’impose dans un gigantesque bain de sang, tuant les soldats prisonniers, violant et pillant la population.

Li, tenant la promesse qu’elle a faite à son père adoptif, lui ramène ses attributs pour faire de lui un homme entier dans la mort et avoir ainsi droit au repos éternel. Pour ce faire, elle est intégrée aux communistes de Mao et vit de l’intérieur la longue marche, de souffrances et de privations. Cette épopée haute en couleurs multiplie les versants dramatiques, avec comme sommet, la perte de ses enfants, qui volontairement ou non s’éloignent d’elle. On est saisi par ce parcours improbable d’aventurière intrépide, et par la force intérieure qui émane de ce petit bout de femme.

Elle devient ensuite chef de triade à Hong-Kong avant de s’enfuir en France, où on la retrouve, entendant et complétant son histoire, avant des retrouvailles et un repos bien mérité.

Jean-François Charles maîtrise parfaitement un dessin fait de simplicité et d’émotions, comme ce message d’alerte éphémère, calligraphié sur le sol par un vieil homme. Estampes, aquarelles, de calme nature, voisinent avec des planches d’action, de fureur et de bruit avec la même acuité dans la restitution, soit des tensions, soit de la plénitude.

Une magnifique série ; Une histoire romancée d’une période de la chine, traversée avec courage et droiture par une jeune femme que l’on ne peut qu’admirer : China Li.