Rencontre au sommet
Que cette bataille n’en finit pas ! A chaque fois qu’on a l’impression de se rapprocher un peu de la fin, un nouveau bataillon, une nouvelle aile, un nouveau plan est découvert et alors qu’on pourrait ressentir de la lassitude, notre enthousiasme repart en fait de plus belle !
Tel un chef d’orchestre, l’auteur, dont le pendant littéraire est Ousen dans cette guerre, tire admirablement les ficelles, plaçant finement ses pions, déplaçant également sa caméra d’un champ à l’autre, en délaissant certains pour mieux y revenir, et bâtissant sans cesse une symphonie guerrière de plus en plus puissante et stressante à l’ampleur inégalée.
On adhère ou pas à ce schéma qui se fait quand même un peu répétitif, faisant perdre parfois l’intensité qu’on devrait ressentir face à certaines pertes. C’est le cas ici avec la mort d’un certain antagoniste dont c’est plus la posture et la vue en hauteur de ce qui se passe qui frappe, que le côté épique de sa mort mise en scène par Hara, qui tombe un peu à plat, je trouve. De la même façon, on s’attend tellement à ce que Shin et Ouhon se transcendent qu’il n’y a plus de surprise quand ça a lieu. C’est bon, on sait, on connaît. Et je ne parle pas de l’arrivée providentielle, enfin pas pour Qin, d’Houken qui fait quand même très cheveu sur la soupe, en mode : « c’est magique, tais-toi ! ». L’auteur manque un peu de finesse sur ce tome.
En attendant, nous voici face à un tome où chaque camp passe à l’action sous l’impulsion de leurs généraux qui se dévoilent enfin et se font face. Alors ça fait très prophétique tout ça, très posé aussi, très rencontre entre deux génies qui se toisent et croient tout connaître mais ça en impose et nous aussi on a envie de voir ce qu’ils ont en tête, ce qu’ils mijotent, jusqu’où ils ont vu / prévu, et bien sûr qui va l’emporter. La tension est à son comble lors de la préparation de leur rencontre savamment orchestrée puis lors de ces brefs instants, et ça repart ensuite aussi sec, grâce à l’excellente maîtrise du tempo de Hara, qui balaye les champs de bataille à tour de rôle pour embraser tout ça. Chacun ainsi fait sa part, que ce soit Ousen et Riboku, ou ceux sous leurs ordres. On notera de nouvelles figures avec Gyou et Shiryô qui sont un mélange saisissant de Tou et Karin avec un grain de folie en plus !
En bref
Enfin, on sent qu’on commence à se sortir de cette longue bataille avec ce nouveau tome très tense qui continue de nous plonger en plein coeur des affrontements. Le plaisir pris à voir les généraux se rencontrer embrase l’histoire et relance les combats tout azimut. Enfin des morts significatives ont lieu, enfin des avancées cruciales aussi. Hara nous enflamme vraiment et ne nous donne qu’une hâte, voir enfin le dénouement de ce moment charnière pour Qin et Zhao dont les hommes ont des visions si différentes sur la destinée de la Chine.
Positif
Une lecture toujours aussi immersive de la guerre
Un auteur incroyable maître du temps et du tempo
Une mise en scène dynamique, alternant les champs de bataille
Enfin des moments décisifs
De nouvelles figures à retenir
Des visions de la Chine qui s'affrontent
Negatif
Des schémas narratifs vus et revus autour de Shin et Ouhon
Une perte d'intensité lors de morts pourtant clé
Laissez un commentaire
Commentaires (0)