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Critique de Confidences d’une prostituée

par Pois0n le jeu. 8 févr. 2024 Staff

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Dans l'intimité des belles-de-nuit

C'est donc vrai qu'en vieillissant, on se rapproche de « la blanche ». En opposition aux romans dits « noirs », la littérature « généraliste », qui ne se rattache ni à l'imaginaire, ni à la romance, ni, donc, aux romans noirs. C'est encore plus surprenant de ma part quand on connaît mon allergie aux bad endings. Parce qu'ici, on le sait d'emblée, on est dans du pur drame ; pas de conte de fées pour ces « femmes de compagnie » vendues jeunes adolescentes par leurs villages, leurs familles. « Sakuran », lu et adoré il y a quelques années (et d'ailleurs réédité il y a peu) ne faisait déjà pas dans la dentelle, mais « Confidences d'une prostituée » va encore plus loin. N'espérez évidemment pas de fins heureuses à ces dix histoires courtes : deuils, maladies, morts violentes... Au passage, gros TW suicide. Celle qui s'en sort le mieux, c'est encore Naomi, la narratrice, qui est encore là pour partager ses souvenirs de cet univers désabusé, cynique et dénue d'optimisme à qui veut bien les entendre : journaliste, vieilles connaissances, rencontres de hasard... Des histoires qui, chacune à sa façon, en expliquent également les codes, les mentalités particulières difficiles à comprendre d'un regard extérieur. Presque de la tranche-de-vie, tombant parfois dans le tragi-comique, avec un collecteur de fonds nouvellement débarqué qui justement n'y pige rien, ou cette jeune femme extirpée du bordel, à l'inverse incapable de s'intégrer dans un quotidien normal.

Avec un ton presque documentaire, à travers la voix de Naomi, c'est l'auteur qui s'exprime, lui qui, très jeune, a côtoyé ce milieu et recueilli les confidences de celles qui fréquentaient le salon de coiffure familial, dans ce qui leur constitue un bel hommage.

A ce stade de la critique, normalement, vous avez compris qu'il ne s'agit en rien d'un manga érotique. Les étreintes sont plus suggérées que montrées et la nudité occasionnelle, en plus de n'être que partielle, n'est jamais présentée sous un angle « sexy ».

Publié dans les années 70, « Confidences d'une prostituée » possède donc un trait « rétro » semi-réaliste, qui ne manque pas de charme et convient très bien à ce type de récit. Les faits relatés, eux, remontent tous à une quarantaine d'années plus tôt, entre la fin de l'ère Taishô et le début de l'ère Shôwa, la fin des années 20 et le début des années 30. Difficile, en découvrant l’œuvre en 2024, de se dire que tout ça remonte déjà à un siècle.

« Confidences d'une prostituée » n'est définitivement pas un livre pour tout le monde, mais si le sujet vous intéresse et que la mélancolie ambiante ne vous fait pas peur, vous ne pourrez qu'adorer.

En bref

« Confidences d'une prostituée » est une œuvre très dure, qui ne peut laisser indifférent. Et c'est là la preuve qu'elle est réussie.

9
Positif

Des histoires variées

Le trait rétro a du charme

Aucun glamour, aucune romantisation

Negatif

Les visages féminins se ressemblent quand même beaucoup

A ne pas lire si vous êtes déprimé

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