Badlands, you gotta live it everyday...

Parce qu'il avait encore une fois un peu de mal avec ses délais (il était également le scénariste d'Iron Man à la même période), Dennis O'Neil  a eu besoin d'un fill-in pour le #219 de Daredevil (non publié dans Strange à l'époque). Le responsable éditorial du titre a alors fait appel à des noms prestigieux pour ce numéro spécial qu'il voulait original et décalé par rapport aux histoires habituelles de la série : Frank Miller au scénario et John Buscema aux dessins. Big John a toujours dit qu'il n'était pas un grand fan de super-héros, il a donc du être content de ne pas dessiner de panoplie rouge, juste des gens fatigués aux prises avec la corruption dans un petit patelin du New Jersey.

Dans Badlands, on ne voit pas Daredevil (juste à peine sur la couverture). Matt Murdock arrive incognito à Broken Cross et dérange déjà les petites frappes du coin, notamment parce qu'il leur rappelle quelqu'un qu'ils ont bien connu. Sa présence déclenche des souvenirs, les gens parlent et bien entendu tout ceci va rapidement dégénérer. La bonne idée de Miller est de ne pas avoir fait parler le héros (ce qui lui confère cette aura de mystère), ce qui n'empêche pas ceux qui sont autour de lui de s'épancher, d'être généreux en paroles et en coups échangés. 

Murdock est donc ici l'équivalent d'un Homme sans Nom, un personnage eastwoodien dans une bande dessinée qui aurait également très bien pu se dérouler dans un trou perdu de l'Ouest Sauvage...et qui fait aussi un peu penser à un récit noir à la Sin City. Et c'est très efficacement raconté, en montant en puissance jusqu'à l'escalade finale. J'aurais juste préféré que Buscema s'encre lui-même...ou que Tom Palmer le fasse à la place de Gerry Talaoc (qui n'est pas mauvais, hein)...mais ça reste tout de même très bon, un fill-in vraiment à part...

If you stay long, though, she'll probably start talking about ghosts. So don't...