Sous l'aile du Diable...
En 1998, Marvel a lancé une nouvelle initiative éditoriale intitulée Marvel Knights qui avait pour but de remettre en avant des personnages dits "de second plan" (Les Inhumains, La Panthère Noire...) et d'autres alors considérés en bout de souffle comme Daredevil et le Punisher. Cette gamme a été confiée au duo Joe Quesada et Jimmy Palmiotti, qui avaient fondé quatre ans plus tôt leur maison d'édition Event Comics au sein de laquelle ils ont créé Ash (le pompier super-héros) et Painkiller Jane. Event Comics n'a d'ailleurs pas survécu longtemps au succès de Quesada et Palmiotti chez Marvel puisque les compères ont fermé leur boîte en 1999.
Superviseurs du label, Joe Quesada et Jimmy Palmiotti se sont réservés la partie graphique du titre principal, Daredevil, et pour le scénario ils ont fait appel à l'une de leurs connaissance, le cinéaste Kevin Smith, grand fan de comics qu'ils avaient rencontré à l'occasion des longs métrages Mallrats et Chasing Amy. Les relances Marvel Knights ne sont pas des reboots à la Heroes Reborn, les auteurs ont tenu à s'inscrire dans la continuité et les premiers épisodes évoquent bien les prestations de Karl Kesel et Joe Kelly. Parce qu'elle n'a pas supporté que sa vie privée et les détails sordides de son passé ont été étalés dans les journaux suite à son procès, Karen Page a quitté Matt Murdock qui tente vainement d'oublier ce départ en se consacrant à ses activités d'avocat et de super-héros.
Matt reçoit un jour dans son bureau la visite d'une jeune femme tenant un bébé dans ses bras. Elle lui révèle qu'elle sait qu'il est Daredevil et elle part en lui laissant son enfant qu'elle présente comme le Rédempteur, sauveur annoncé par la Bible. Le trouble de Murdock s'accentue lorsqu'il est abordé dans l'épisode suivant par un certain Nicholas Macabes (qui a des faux airs du commissaire Dolan du Spirit), leader d'une organisation appelée Sheol dédiée à la protection de la race humaine. Macabes lui annonce que le gamin est en fait l'Antéchrist et que s'il le garde, le mal s'acharnera sur Matt et tous ses proches...
L'aspect théologique est donc au coeur d'une intrigue qui va pousser le héros dans ses retranchements. Les drames s'enchaînent...Karen revient et lui apprend qu'elle est malade du sida, Foggy est accusé de meurtre et Matt perd alors le contrôle. L'atmosphère de ce suspense paranoïaque est sombre, la partie graphique est excellente, aussi bien dans l'action que dans les moments plus dramatiques, et Kevin Smith fait bien monter les enjeux jusqu'au retour d'un vieil ennemi de DD à mi-parcours.
Le cinquième chapitre est d'une grande intensité et se termine tragiquement, une scène marquante qui n'a rien perdu de son impact. La surprise vient à la fin du #6 avec la révélation du grand méchant dont les motivations apportent un autre regard sur ce qui s'est passé depuis le début de cet arc narratif en huit numéros...un vilain classique que Daredevil détruit en quelques mots dans un moment très fort. Il y a ensuite de la tristesse dans la dernière partie...et aussi de beaux moments, de belles interactions très bien écrites. Ce n'est pas la première fois que Matt touche le fond et il se relève à chaque fois...et après la douleur de la perte, les dernières pages apportent un peu d'espoir, le signe d'un nouveau départ...
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