Aimer ou oublier ?
Depuis le début, My Beautiful Boy est une série belle et ambiguë, à l'image de son couple, qui me met autant mal à l'aise qu'elle me fait réfléchir sur les relations toxiques.
Contrairement a bien des mangas qui romantisent ce genre de relation, je trouve les autrices assez nuancées ici, questionnant bien sur les comportements de chacun des héros : le harceleur et le harcelé. Et dans ce tome, le changement de paradigme avec la fin de leurs années lycée est un moyen tout trouvé pour faire avancer la réflexion.
On se retrouve donc avec un Hira qui doit dire au revoir à celui qui le fascine et lui fait tant de mal à la fois car leur vie prend des chemins différents. C'est un peu un moment en apesanteur très bien rendu grâce au dessin aérien et poétique de Megumi Kitano où elle rend à merveille l'ambiguïté de Kiyoi à travers un fort joli séquençage et une malin jeu de reflet. J'ai beaucoup aimé.
Nous allons donc quitter Kiyoi, qui est de toute façon une figure un peu lointaine et fantasmé depuis le début, qui a tout du spectre, pour aller à la rencontre d'un nouveau Hira débarrassé de sa présence mais non de son influence, comme s'il était hanté par lui. Une nouvelle vie s'offre à lui avec de nouvelles perspectives : un club, une passion, des amis et même un homme qui s'intéresse à lui et le lui dit. Et pourtant, il pense toujours à Kiyoi.
C'est vraiment l'histoire trouble de cette passion qui me fascine. J'adore la façon dont l'autrice décrit combien un premier amour peut nous hanter, comment un être qui nous a fait du mal peu nous habiter. Il y a aussi une représentation très nuancée et fascinante de Kiyoi, harceleur vu de l'extérieur mais à la relation plus fine avec Hira qui interroge. Que signifie son dernier geste en le quittant ? Que signifie ses invitations quand il le revoit ? Que cache-t-il comme mal être lui aussi derrière son beau visage et son ambition ? Au delà de ce classique portrait du mystérieux ténébreux (bon, il est blond ici...), il est question d'un ''harceleur'' qui ne harcèle pas mais aide à sa façon, qui frôle la sphère toxique, celui qui souffre d'un handicap. On a du mal à le juger totalement néfaste, comme on a du mal à trouver leur relation saine. C'est très singulier et perturbant, mais c'est justement ce qui donne tout le relief à cette série.
En bref
Poétique plongée dans le monde d'un handicap qui a souffert de brimade, My beautiful boy interroge aussi sur l'image qu'on projette et le regard qu'on porte sur l'autre à travers un duo dysfonctionnel pourtant fascinant et plein de relief. J'aime cette ambiguïté qui donne une riche poésie à la lecture soutenue par des dessins fins et bien sentis. C'est une lecture surprenante.
Positif
Un texte puissant
Des dessins poétiques et symboliques
Un duo qui ne laisse pas insensible
Les réflexions fines sur le harcèlement et le handicap
Un beau décortication des relations toxiques, relations de dépendance
Des héros qui sortent de leur sphère et déclenchent quelque chose
Negatif
Une relation ambiguë qui flirte avec le toxique
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