Ouvrir la porte
Je découvre vraiment de plus en plus avec grand plaisir le travail de Jenny à travers cette oeuvre sensible qui traite à merveille des conséquences du harcèlement sur la victime et sa famille. Chapeau !
J’avais l’image d’une autrice sympathique mais somme toute assez anecdotique. Elle me corrige dans les longueurs ici, avec une série vraiment pertinente et fine, qui ne se contente pas de survoler le sujet mais le traite en profondeur.
J’aime particulièrement, depuis le début, le regard posé non pas seulement sur Emilie, la victime qui s’est renfermée sur elle-même, mais également sur sa famille et en particulier sur sa soeur, Pauline, dont l’autrice laisse régulièrement entendre la voix. C’est extrêmement pertinent, dur, mais nécessaire. Elle permet de montrer les conséquences non seulement sur la victime mais aussi sur son entourage, des conséquences complexes où parfois on peut en venir à en vouloir à la victime car cela impacte aussi ses parents, ses frères et soeurs, qui comme elle n’ont rien demandé et souffre à leur façon, sans qu’il y ait d’échelle de douleur à avoir. Et c’est très bien dit et montré ici. Pauline n’est pas égoïste, loin de là. Elle exprime sa souffrance elle aussi et c’est important de l’entendre malgré toute sa maladresse. Elle m’a notamment beaucoup touchée dans sa retenue vis-à-vis de ses parents pour ne pas plus les enfoncer. Elle prend soin de ses parents mais qui prend soin d’elle ?
Quant à Emilie, c’est aussi un très beau pan de l’histoire dans ce tome. L’autrice lui offre une porte de sortie, une ligne d’horizon, avec la présence de l’autre côté de la rue de Simon, ce jeune garçon qui a aussi son passé, son passif, mais dont elle se sent proche, ce qui est réciproque. On sent que l’amitié potentielle de Simon va être ce qui va partiellement l’aider à s’en sortir. Et dans ce tome, cela commence. Il lui écrit, elle lui répond. Pouvoir communiquer avec lui l’oblige à reprendre le contact avec sa famille, la pousse à sortir et le hasard la fait rencontrer d’autres personnes, ce qui petit à petit, très lentement, la change. C’est beau. Alors certes, c’est très romancé, mais ça ne laisse pas indifférent.
Reste donc Simon, ici, mis en avant comme planche de salut, mais qui a aussi ses propres traumas à gérer. On en découvre une partie ici. On en voit un peu les conséquences dans ses relations. On continue à voir celle complexe qu’il entretient avec son père, qu’il a entretenu avec sa mère. J’espère qu’on reviendra plus longuement sur lui, à égalité avec Emilie, car c’est aussi très intéressant de parler des enfants qui ont mal vécu des parents démissionnaires ou qui en faisaient trop. Pour l’instant, je le trouve encore un peu trop fade, un peu trop en retrait. J’attends plus. De même, les parents ont reculé ici et j’espère qu’on les reverra plus mis en avant.
En bref
Brille confirme donc l’excellente surprise qu’il est, une très bonne série sur le harcèlement et ses conséquences, avec un portrait très fin de la soeur, elle aussi victime, qui est dépeinte avec beaucoup d’émotion par l’autrice. J’espère juste le même traitement pour tous ceux qui gravitent autour d’elles et le méritent, parents et soutien.








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