Un polar rétro qui sent la clope et l’argot
1. L’histoire : Une virée musclée pour sauver la gosse d’un pote
Mars 1968, sur les planches de Deauville. Le Grizzli, ex-voyou reconverti en vendeur de Citroën, et son acolyte Toine, rangé des voitures mais toujours dans le game des écuries, se la coulent douce. Jusqu’à ce que Bubu, une vieille connaissance du milieu, vienne leur secouer les puces : sa fille Virginie, 21 ans, s’est fait enlever. Les ravisseurs, des malins qui veulent plumer Bubu, exigent un million de francs ou la cession de son écurie de courses hippiques, avec un ultimatum de trois jours. Pas question d’appeler les flics – dans leur monde, on règle ses comptes entre soi. Le duo replonge alors dans les bas-fonds parisiens, entre troquets enfumés et caïds en costard, pour retrouver la gamine. L’enquête les mène à Adrien, le petit ami trop poli de Virginie, qui cache peut-être un jeu trouble. Une course contre la montre où les coups pleuvent plus vite que les indices.
2. Dessin et scénario : Une ambiance 60’s ciselée et un récit qui cogne juste
Le dessin de Fred Simon est un vrai voyage dans le temps : son style semi-caricatural, avec des trognes rondes et expressives, recrée le Paris des sixties avec une précision bluffante. Les DS rutilantes, les affiches d’époque, les costards bien taillés et les clopes omniprésentes plantent une atmosphère digne d’un film de Lautner. Les couleurs chaudes et les décors soignés – des troquets aux champs de courses – donnent une immersion totale, comme si on flânait dans un vieux polar en Technicolor.
Côté scénario, ce qui m’a particulièrement marqué, c’est le dosage parfait entre l’argot truculent et l’intrigue nerveuse. Matz excelle à faire parler ses personnages comme des dialogues d’Audiard, avec des punchlines qui claquent et un lexique d’argot en fin d’album pour ne pas perdre les novices. J’ai aimé comment l’histoire, bien que classique dans son pitch de polar, gagne en épaisseur grâce aux personnages féminins – Marie-Antoinette, Emilie, ou encore Pauline – qui ne sont pas juste des faire-valoir mais des actrices clés de l’enquête. Le rythme, parfois un peu étiré, explose dans un dénouement choc qui remet les pendules à l’heure sans trop en faire.
3. Mon avis général : Du petit lait pour les amateurs de polar à l’ancienne
Ce deuxième tome du Grizzli fait le job avec panache : c’est un hommage vibrant aux polars des années 60, avec juste ce qu’il faut de nostalgie et de modernité pour ne pas sentir la naphtaline. Si l’intrigue peut sembler prévisible par moments et l’argot un poil trop chargé pour les non-initiés, l’ensemble reste hyper divertissant, porté par des dialogues savoureux et une ambiance visuelle. Un régal pour les fans de castagne en imperméable et de répliques bien senties.
En bref
Un polar rétro qui fleure bon l’asphalte et les troquets parisiens, avec des dialogues à la Audiard et une ambiance visuelle qui claque – parfait pour une virée dans le Paname des sixties.








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