Deuxième acte

Le deuxième acte démarre et on peut dire que les auteurs se lancent sur les chapeaux de roues !

Après un bond dans le temps nécessaire, c'est non sans plaisir que l'on retrouve les héros, désormais aux portes de l'âge adulte, endurcis par les épreuves passées et se préparant aux nouvelles. Merci Jay Skwar et Kim Jae Hwan de ne rien lâcher. Pour qui aime les univers de dark fantasy, les auteurs connaissent bien leurs classiques et savent bâtir un scénario. Alors on pourra leur reprocher que c'est un peu trop dans les clous, un peu trop carré, pas assez original et libre parfois, mais c'est efficace.

Ce nouveau tome replace chaque héros face à l'enjeu qui sera le sien. On retrouve celui ''qui a trahi'' et se voit face à ses contradictions. On tend à nouveau les bras vers ceux qui veulent devenir des héros même si ce n'était pas forcément leur souhait premier. On prend plaisir à assister à nouveau aux missions de ceux un peu plus dans l'ombre. Et on voit du pays, on en prend plein les yeux côté combats, pouvoirs, mythologie. Alors c'est du replacement de pièces sur l'échiquier donc c'est encore très restreint, très contraint, mais cela préfigure de riches et épiques moments.

J'ai vraiment pris plaisir à découvrir ces héros plus âgés, débarrassés je l'espère des scores de l'adolescence, pour aller vers quelque chose d'encore plus sombre et torturé. J'ai aimé que tout ne soit pas 100% manichéen et qu'on sent des questionnements en eux, sur leurs alliances, sur les ordres qu'ils suivent. Cette bataille entre ''bien et mal'' est loin d'être simple et loin d'être terminée. La relance est là bien qu'encore un peu timide car plus centré sur nos héros que sur la géopolitique, ce qui me manque un peu. Mais j'apprécie l'immersion car on a tissé des liens avec ces personnages au fil des tomes et que c'est un plaisir de les voir évoluer dans toute la complexité de ce monde.

Petite préférence envers Raust pour ma part, qui n'a pas choisi la position la plus facile. En plus, les auteurs le mettent à l'honneur en ouvrant le bal avec lui et lui offrent une scène d'ouverture à couper le souffle, pleine de questionnements et de violence. J'ai eu mal pour lui. En second, vient bien sûr Foa. Mais le fait qu'il soit dans son école pour devenir Egide adoucit un peu trop le trait pour moi et lui donne moins de relief que Raust. C'est plus classique, ce côté fils d'une élue, qui a lui aussi des pouvoirs et se voit pris à partir par des camarades jaloux mais continue à lutter pour le bien et se trouve un mentor pour le challenger. Enfin, Pilin et Peng se lâchent bien en forêt et ramènent l'histoire vers les tensions et mensonges qui le rongent, ce qui est prometteur, de même que Hatal et son séjour qui l'amène près Navi et d'autres déchus. J'ai hâte de voir comment sera géré ce volet de ceux qui ont fait le bien mais qu'on a cloué opportunément au pilori.