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Critique de La Rose de Versailles

par Miawka le jeu. 1 janv. 1970

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La Rose de Versailles est une œuvre culte depuis les années 70. En trente ans, le succès du manga n’en démord pas, bien que ciblé avant tout pour un lectorat féminin il peut parfaitement plaire à un large public comme il le fait déjà depuis tant d’années.. J’ai connu ce titre toute petite par le biais de l’anime Lady Oscar et j’en suis devenue accro tout de suite. Loin de faire écho à l’anime, La Rose de Versailles en est un complément parfait car il permet de traiter plus en détail les moments de l’anime trop rapidement passés sous silence. Bien que ce soit un shojo, l’auteur ne s’attarde pas trois heures sur un élément pour faire durer la romance. On le sait, la fin ne sera pas des plus heureuses et les histoires d’amour tournent très vite à la tragédie (Ah André et Oscar! Mon couple fétiche!). Diffusé à l’époque sur Récré A2 puis sur France 3 dans les minikeums, l’anime est bien plus célèbre que le manga. Appelé La Rose de Versailles (son titre original) il est édité par Kana depuis 2002. La série se compose de trois tomes, respectivement de 960, 920 et 335 pages. Des trois tomes, seuls les deux premiers « pavés » composent l’histoire telle que vue dans l’anime. Le troisième se divise en 4 chapitres, racontant chacun une histoire différente se concentrant sur un personnage inconnu de la série télé: Loulou. Loulou est la nièce d’Oscar, petite fille turbulente qui n’a pas son pareil pour se fourrer dans les pires histoires possibles. La chance de pouvoir lire des mangas sur l’Histoire de France, c’est assez rare et Riyoko Ikeda fait ça de manière exemplaire. Plus qu’un travail de création, La Rose de Versailles est avant tout un travail d’adaptation. Ikeda s’inspire beaucoup, voire un peu trop de la biographie de Marie-Antoinette de Stefan Zweig (Romancier autrichien né en 1881 et décédé en 1942). Zweig, qui avait une grande passion pour la reine de France, en avait aussi une vision légèrement déformée et romancée. Il lui excusait très facilement certaines erreurs et certains de ses défauts, la décrivant également comme une « reine de tragédie ». Ce que fait également Riyoko Ikeda. La Rose de Versailles, comme chaque histoire à vocation historique comporte des éléments romancés et incorrects par rapport à la réalité, on a ainsi des erreurs, notamment sur les costumes qui ne sont pas de la bonne époque (comme ceux de la Garde. Oscar, par exemple, porte un costume napoléonien, rappelons que Napoléon devient empereur quelque temps après la révolution), mais l‘auteur s‘en excuse et reconnaît ses erreurs. Malgré ça, Ikeda s’en tire à merveille et offre une œuvre très réaliste du dernier couple royal et de la révolution française. Lire La Rose de Versailles c’est comme prendre un cours d’Histoire de France en plus agréable mais attention tout de même! Car si l’œuvre est réaliste, certains personnages sont bien différents dans le manga par rapport à la réalité. Ainsi donc, Marie-Thérèse d’Autriche n’est pas aussi bienveillante et douce dans la réalité mais à plutôt un esprit rusée de mère, cherchant à s’immiscer dans les affaires de la France par le biais de sa fille poussée dans une destinée non voulue, Mercy, quant à lui, n’est pas aussi pacifique. Marie-Antoinette, bien que fidèlement décrite, n’a jamais choisi les ministres à la place du Roi qui était suffisamment intelligent pour ne pas mettre dans des mains frivoles les affaires de l’État. En parlant du Roi justement, il n’est pas si idiot et benné dans la réalité. Louis XVI était surtout timide mais il était intelligent, bien qu’il avait des plaisirs simples. L’un des principaux défauts de l’œuvre réside dans sa temporalité. Il est difficile de se rendre compte que plusieurs années passent, les personnages gardant leurs traits juvéniles. Si l’empreinte de Zweig est très présente, on remarque surtout celle d’Ikeda dans certains personnages comme Oscar, Rosalie, André, les soldats de la Garde française et le masque noir qui n’est pas sans rappelé Zorro ou encore Robin des Bois. Grâce à eux, on a une vision plus intimiste de l’Histoire et du récit dramatique aux nombreux rebondissements d’Ikeda. Le point fort de l’œuvre, en dehors de son contexte, c’est son personnage principal: Oscar. Ah Oscar! On en rêve toute, elle incarne le prince charmant, l‘homme parfait et c‘est normal, car c‘est une femme! Oscar c’est notre chouchou, on ne peut s’empêcher de la voir comme un homme qu’on aimerait avoir, mais on pleure avec elle quand ses sentiments prennent le dessus et quand son cœur se brise. On craque toutes pour elles et c’est aussi le cas des jeunes filles du manga comme Marie-Antoinette elle-même et Rosalie qui est, sans aucun doute, amoureuse d‘Oscar. Alors oui, c’est ambiguë et pourtant, ça ne dérange pas. D’une parce que Oscar est considérée par tous comme un homme, de deux parce que les personnages savent faire la différence. Ils vivent avec leurs sentiments mais restent dans le politiquement correct. La Rose de Versailles est un monde avant-tout féminin où les hommes sont assez en retrait. Alors est-ce que l’on peut qualifier Lady Oscar d’œuvre à tendance Yuri? Non. Car les sentiments ambiguës de la part des jeunes filles pour Oscar se traduisent avant tout par une forte admiration voire une adulation qui reste toujours saine. L’auteur utilise beaucoup de références dans son manga. Ainsi, en plus des multiples références à la tragédie grecque dans le second tome, on peu s’amuser à voir un peu de Dumas dans le masque noir et Oscar, un peu de Zola dans le peuple et un peu d’Hugo dans l’histoire de Jeanne et Rosalie qui évoquent beaucoup les Misérables. C’est surprenant de voir une telle maîtrise de la culture française de la part d’un auteur étranger à celle-ci. Mais là où l’œuvre est la plus impressionnante c’est dans son graphisme plein de bons sentiments limite guimauve et de préjugés. Car oui! La Rose de Versailles est un manga pour filles, mais il est beaucoup plus que ça. Si l’on a vu l’anime en premier, le côté cartoon des sd qui rappellent le style de Tezuka peuvent déstabiliser quelque peu. Car au niveau visuel, l’anime est beaucoup plus sérieux et dramatique que le manga. Néanmoins, on s’y habitue vite. Grâce à son trait assuré et ses nombreuses recherches sur l‘architecture, l’auteur nous fait voyager dans une atmosphère romantique de la noblesse et enivrante de passion dans une France très fidèle à celle du XVIIIe. Le plus impressionnant reste les yeux des personnages. On y retrouve la pâte des années 70 et c’est un émerveillement. Ikeda ne laisse aucun défaut à ce niveau, laissant son lecteur admirer son trait romantique et passionné sublimé par un découpage et une mise en page époustouflante. Coté édition, La Rose de Versailles pourra en rebuter plus d’un. C’est le cas des non-amateurs de gros pavés. Les deux premiers tomes de la série contiennent l’équivalent de quatre tomes chacun divisés en cinq chapitres soit mille pages par volume. Le troisième, plus court est l’équivalent d’un seul tome. Ce choix rend l’édition plus fragile et forcément plus chère. Ainsi pour les deux premiers tomes, il vous faudra débourser 40 euros (20 € chaque) et 10 pour le troisième. Une somme assez justifiée vu le nombre de pages d’un tome. On pourra apprécier les pages couleurs en début de volume bien que cela reste un peu « cheap ». En ce qui concerne l’impression et le rendu du papier, il n’y a rien à redire, le travail est bon.

En bref

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