Étrange, vous avez dit étrange ? Coelacanth est pour le moins une oeuvre assez unique. Il s'agit d'un shôjo, et Soleil a respecté cette nature dans son classement de collection, néanmoins il faut admettre que ce titre est assez différent de ce que laisse sous-entendre habituellement ce genre et qu'il tend davantage vers le seinen. Ce que Coelacanth possède du shôjo, c'est avant tout un graphisme fin, aux visages lisses mais aux chevelures et aux vêtements pétris de détails. Considéré seul, on pourrait juste dire que le trait est agréable à l'oeil ; mais pour être plus complet, il faut relever que la mise en scène, le découpage, la mise en page et les plans eux-mêmes, donnant aux passages voulus l'expressivité nécessaire, participent tous ensemble au rendu insolite de ce manga. L'atmosphère du récit repose sur des bizarreries (pour l'heure du moins) inexpliquées et perturbantes. Cette forme d'étrange est assez peu courante et rappelle un peu Haruki Murakami sur certains points. Le plus marquant est bien sûr le mouton qui accompagne l'héroïne, que contre toute attente elle n'est pas totalement la seule à voir. Bien sûr, le meurtre et le passé de l'héroïne, ainsi que l'identité et le soupçon pesant sur le garçon qui l'intrigue, imprègnent eux aussi l'atmosphère de par leur large part de mystère. Bien que Coelacanth ne soit pas un récit d'action, ni même d'enquête, les secrets et les étrangetés présents tout au long de l'histoire font qu'on baigne en permanence dans une ambiance particulière et intrigante. La signification du titre lui-même est d'ailleurs elle aussi assez mystérieuse... Coelacanth se présente donc comme une oeuvre d'un genre assez inédit. Comme c'est assez décalé par rapport à la production inhabituelle, il n'est pas dit que cela plaise à tout le monde ; néanmoins, il peut être intéressant de jeter un oeil à ce titre pour découvrir un petit ovni.