Dans un univers fantasy imaginaire, on suit les débuts du jeune Mahmud en tant que pacha, l'équivalent d'un général des armées. A peine nommé, il se retrouve au beau milieu d'un conflit politique entre son pays, la Türkiye, et l'empire voisin, alors qu'un dignitaire vient d'être assassiné. Entre les partisans de la paix et ceux qui aimeraient en profiter pour faire parler les armes, Mahmud choisit d'utiliser son ingéniosité pour démasquer les coupables et user de diplomatie entre les deux nations... Ce premier volume d'Altaïr, épais et très dense, nous offre plusieurs intrigues complexes permettant de situer les forces géo-politiques en présence, et de nous présenter de nombreux personnages importants, parmi les décideurs comme au sein des combattants, et même dans les différentes tribus et populations du continent. La progression des évènements est rapide, il faudra donc un peu d'attention pour bien suivre et saisir les stratégies de chaque camp, mais une fois qu'on s'est impliqué dans la lecture, on apprécie la sophistication des péripéties. Héros badass s'il en est, Mahmud détonne par sa beauté, son jeune âge, et son abord presque froid et supérieur, qui cache un passé qui nous est vite dévoilé, et un caractère finalement très dévoué. Assisté de son faucon Iskender, il s'avère aussi doué en réflexion qu'en action, et laisse peu de chances à ses ennemis, avec des combats brefs mais qui en jettent! Les autres protagonistes de la série ne manquent pas de charisme non plus, même si tous ne sont pas encore pleinement développés, en tout cas on sent déjà le potentiel derrière certains d'entre eux (le ténébreux Zaganos, la jolie et courageuse Shara...). Concernant les quelques défauts qu'on pourrait relever, j'ai personnellement été un peu désarçonnée par le mix des inspirations qui ont conduit à l'élaboration de l'univers d'Altaïr. Je conçois que pour une japonaise, tout ce qui est occidental a un parfum d'exotisme (nous autres français en pensons autant de tout ce qui est vaguement asiatique, il faut bien l'avouer), mais mélanger des noms arabes et européens, en faisant co-exister géographiquement la Turquie et le Mont-St-Michel, ça perturbe un peu! Au-delà de cette particularité et de l'utilisation un peu abusive de termes compliqués (tous soigneusement annotés de leurs significations respectives, heureusement), la richesse de l'atmosphère et des possibilités scénaristiques nous laisse un a-priori plutôt positif. Avec quelques pointes d'humour bienvenues, des dessins soignés et détaillés, un bon sens du découpage et de la mise en scène, et un accent mis sur les expressions du visage, très diversifiées, les graphismes soutiennent efficacement les ambitions de l'auteure. La mangaka aux commandes de ce shônen, dont c'est la première œuvre, semble d'ailleurs partie pour nous offrir une série de longue haleine, avec quinze tomes parus au Japon jusqu'ici. Malgré les fautes de frappe présentes sur la quatrième de couverture, l'édition de Glénat est par ailleurs très satisfaisante, avec une police d'écriture évocatrice et un joli logo ailé sur l'illustration de la jaquette. Si l'intrigue s'avère prolifique et complexe, elle n'en est pas pour autant indigeste, grâce à des aventures pleines de suspense, parfois réalistes et cruelles, et parfois plus merveilleuses grâce aux capacités du héros, dans un monde terriblement en mouvement entre batailles et jeux de pouvoir! Un premier tome original et enthousiasmant!