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Critique de To the Abandoned Sacred Beasts #1

par snoopy le mar. 31 oct. 2017 Staff

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Après avoir fait une entrée remarquée dans nos contrées avec la série Dusk maiden of Amnesia parue aux éditions kana puis plus récemment avec tales of wedding rings, le duo maybe s’est rapidement fait une petite place dans le cœur de ses lecteurs et revient avec l’un de ses tous récents titres cette fois-ci aux éditions Pika. To the abandonned sacred beasts est une série toujours en cours et publiée dans le Bessatsu shonen magazine (love hina, good ending, fairy tail,…) de Kodansha sous le titre de Katsute Kami Datta Kemonatchi totalisant à ce jour cinq tomes. Dans leur postface, le duo d’auteurs nous confie son souhait de proposer un récit différent de ce qu’il a déjà réalisé jusqu’à présent dans une veine bien plus sombre et violente mais aussi ses craintes de s’essayer à un autre style et de donc sortir de sa zone de confort. Une prise de risque qu’on ne peut que saluer car rare sont les auteurs qui osent s’aventurer en terrain inconnu. Pour ma part, la parution de cette nouvelle série constitue une bonne occasion de m’essayer à l’une de leurs œuvres ayant malencontreusement loupé le coche avec Dusk maiden of Amnesia qui finira bien par trôner dans ma mangathèque un jour prochain. Et disons que pour être tout à fait honnête avec vous, c’est tout à fait le genre d’association « Dark fantasy + bestiaire + sombre et violent + époque antérieure » qui me botte bien. Je me suis donc précipitée dessus à sa sortie et l’ai aussitôt avalé tout cru. Je partage donc avec vous mes premières impressions sur une série au premier tome accrocheur malgré ses quelques faiblesses.

« C’est horrible… la guerre est finie… on devrait être en paix… et pourtant… »

Les guerriers du Nord, mi-hommes mi-bêtes, appelés Divins mimétiques ramenèrent la paix et furent traités en héros par le peuple au sortir de la guerre. Aujourd’hui, craints de tous, ces Divins doivent apprendre à se frayer un chemin dans une société pacifique ou à faire face au Chasseur de Bêtes car tôt ou tard ils perdront la raison. Nancy Charlotte Bancroft est la fille d’un de ces Divins. Déterminée à venger la mort de son père, elle suit l’énigmatique Hank et est entraînée dans une chasse aux dieux devenus monstres durant laquelle elle découvrira les vérités cachées de l’existence de ces Bêtes Divines (Sacred Beasts).    

« Un bon trip qui régalera les fans du genre malgré des facilités évidentes »

L’atmosphère suffocante et la violence très présente dès le début font qu’on se sent tout de suite baigner dans de la bonne dark fantasy comme il nous plait tant d’en lire dans les romans ou de voir dans un bon film. Le duo Maybe ne perd pas de temps pour mettre en place le canevas d’un récit assurément sombre imaginant un point de départ suffisamment prenant pour nous emballer presque instantanément par l’aventure à laquelle il nous propose de prendre part. Dans le même laps de temps, ils auront ainsi réussi à nous intriguer de multiples façons dépeignant en très peu de scènes les grandes lignes de la guerre qui a jadis fait rage, la naissance des divins et le passé de notre héroïne, une jeune femme qui a perdu un être cher et qui part en quête de réponses et de vengeance.

Le récit se veut également rythmé avec une héroïne qui retrouve le soi-disant assassin de son père en la personne de Hank, lui tire dessus à la première occasion, assiste à un premier affrontement entre ce dernier et un divin pour ensuite se laisser convaincre très facilement de le suivre dans sa quête (pas de spoil, tout est dans le résumé ^^), un début de relation qui manque de crédibilité.  On apprend alors ce qu’est un divin, autrefois soldat qui pour ramener la paix a accepté de renoncer à son humanité en échange d’une grande puissance. Ce ne sont donc pas des monstres sorti de nulle part et en ce point le récit se révèle plutôt original nous invitant à nous interroger sur le sort réservé à ces sacrifiés bien mal remerciés par ceux qu’ils ont pourtant sauvé au prix fort. Maintenant que la paix est revenue, les divins apparaissent alors comme des bêtes bien encombrantes que l’on peut difficilement réintégrer dans la société de par leur monstrueuse apparence et leur force herculéenne.

On assiste alors à une chasse aux sorcières qui se révèle bien plus que cela au vue des liens tissés entre Hank et les divins de ce premier tome. L’injustice et l’horreur dans laquelle est plongé en permanence notre héros m’a d’ailleurs fait penser de loin à ce que ressentait Hugh Jackman dans le film Van Helsing. Le petit flash-back juste avant l’exécution bien qu’il soit court nous permet de ressentir pleinement cette injustice voir même de l’empathie que ce soit pour les divins comme pour Hank, cet état d’esprit dans lequel le duo s’applique avec soin à nous immerger constitue d’ailleurs  l’un des moteurs de cette première partie du récit. Torturé est le mot qui me vient à l’esprit à chaque fois qu’on rencontrera l’un d’entre eux. Les soupçons concernant la véritable nature de Hank prendront forme durant le second affrontement ainsi que la révélation d’une toute petite partie de son passé.

On ressent alors beaucoup de sympathie pour Hank que ses affrontements plongent dans le désarroi le plus totale et la tristesse la plus profonde, il ne ressent absolument aucun plaisir à accomplir sa mission mais tient plus que tout à honorer sa promesse malgré l’horreur et la culpabilité qui le ronge. C’est en l’accompagnant dans cette quête terriblement ingrate que la vision restrictive et enfantine de l’héroïne évoluera donnant une certaine légitimité au fait qu’elle accompagne notre héros, d’autant plus que le mystère concernant le véritable assassin de son père reste pour le moment entier. Elle apporte d’ailleurs un peu d’espoir, de réconfort et quelque part de la chaleur dans ce monde dévasté par le chaos de par son envie de comprendre les divins qui va d’ailleurs quelque peu dépeindre sur Hank qui y avait renoncé.

Dans ce premier tome, on assiste à pas moins de trois affrontements. Chacun des divins possède sa propre histoire, sa personnalité, sa façon de délirer, son chara-design,  sa façon de se battre et de devenir une menace pour la société. On prend donc grand plaisir à découvrir les multiples facettes de chacun et le lien qui les unissait à Hank. Bien que l’intrigue se révèle bien menée dans l’ensemble, on sent comme une très légère répétition dans les scènes d’action durant les deux premiers affrontements, on aurait apprécié voir les auteurs prendre plus leur temps avec des divins qui se font trop vite avoir et ajouter un brin de folie à ces dernières. Le cadre se veut aussi très prenant puisque le duo d’auteurs a choisi de nous plonger dans une époque antérieure puisant son aspiration dans des faits historiques ayant réellement existé avec des décors et des costumes rendant le tout assez immersif et quelque part assez unique.

Enfin, on refermera ce premier tome sur l’apparition de ce qui sera très probablement l’antagoniste principal du récit. Cette dernière se veut rassurante d’une part grâce à l’aura diabolique que dégage l’ennemi et d’autre part par rapport à l’intrigue qui ne se limitera donc pas à ce qu’on vient d’en lire. On a donc réellement hâte de lire le second tome pour voir si ce dernier nous emmènera plus loin et confirmera la bonne surprise des débuts.                          

Un petit mot sur les graphismes, ils possèdent de nombreux charmes pour nous séduire et nous plonger dans l’ambiance sombre du récit grâce entre autre à l’utilisation judicieuse des trames et un ancrage prononcé durant certaines scènes. La présence de décors en suffisance et des costumes d’époque soignés confèrent à l’ensemble une ambiance dépaysante à l’aura clairement sauvage. On dénote un certain talent pour dessiner des bêtes et la touche sexy très discrète permet à l’œuvre de garder son identité de dark fantasy. Globalement, la mise en scène rend bien de par son dynamisme, l’expressivité des personnages et la violence des scènes d’action bien qu’un peu courtes. Clairement, l’une des forces du titre !       

Concernant l’édition, on est un peu décontenancé par l’éditeur qui ne fait que le strict minimum. A l’heure où pratiquement tout les éditeurs offrent des pages en couleurs pour débuter dans les meilleures conditions les lecteurs potentiels de leurs titres, Pika est un petit peu à la ramasse sur ce titre et c’est bien dommage.

En bref

Empruntant des éléments historiques à la culture occidentale et puisant leur imagination dans un bestiaire aux multiples références mythologiques ou légendaires, le duo Maybe offre un premier tome réussi et nous livre un récit fantastique bien dark à leur sauce grâce à leur façon de détourner ces nombreux éléments et de teindre leur intrigue de sombres nuances. Concernant certains aspect de l’intrigue, ce n’est pas bien original, je vous l’accorde, le récit utilise d’ailleurs quelques grosses ficelles du genre notamment concernant l’histoire du duo principal et l’évolution de leur relation. Si vous cherchez de l’originalité, vous serez donc peut être déçu dès les premiers chapitres avec une sensation de déjà-vu qui s’accentue à plusieurs reprises. Mais si au contraire, vous êtes plutôt bon public et que vous raffolez de la dark fantasy, vous passerez sans problème au-dessus de ce manque de prise de risque et accorderez plus d’importance aux quelques très bonnes idées du titre. Pour ma part, ce premier tome fut une bonne surprise !

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