Dikran et Mayranouche ont tout perdu. L’horreur du génocide est passée par là. Nous sommes en 1915. Ils sont arméniens…On espérait que ces enfants avaient vécu le plus dur et que ces magnifiques survivants sortiraient enfin de cette spirale de malheurs… Mais on les a vendus à Oktar, illustration parfaite de l’être vil et abject, tyrannique et dépourvu d’humanité. Il leur prend ce qui leur reste : leur identité et leur dignité. Dans cette nouvelle vie de labeur, ils trouveront un ami, un peu de soutien et quelques moments de gaieté. Oui mais voilà, Dikran veut s’enfuir. Sa première tentative lui coûtera un doigt. Mayranouche, elle, a promis à sa mère mourante de veiller sur son petit frère. Elle tint parole, on le sait déjà. Il survivra… L’amour de Mayranouche pour son frère est poignant. Sublime, il écrase tout le reste. Elle va le sauver mais jamais elle ne le saura et son cœur, avec le temps se déchirera… En 1983, Dikran, alors vieux, raconte cette histoire à un prodigieux jeune violoniste turc, Hasmet Erdem, qui exécutait le morceau composé par sa sœur. Qu’est-ce qui pousse Hasmet à s’occuper du vieil homme ? Et si… l’histoire qu’il lui contait lui permettait de comprendre sa propre histoire…comprendre comment son grand-père paternel a réellement mis la main sur cette partition inachevée de Mayranouche. Je ne saurais en dire plus sans tout dévoiler. Quoiqu’en même temps, ce n’est pas ce que je retiendrai (je crois que je m’y attendais). Au fil des pages, je voulais que Mayranouche apprenne qu’elle n’avait pas échoué. Je la souhaitais apaisée... J’aurais voulu la rejoindre, m’asseoir à côté d’elle, sur la colline, le regard fixé sur l’horizon, poser ma main sur son épaule et lui dire que la promesse était tenue, qu’il était hors de danger... Cruelle impuissance du lecteur. Le Cahier à fleurs est une magnifique partition. Elle n'a souffert aucune fausse note.