Alexandre Taillard de Vorms est le ministre des Affaires Etrangères « d’un vieux pays, la France, d’un vieux continent, l’Europe ». On reconnaîtra aisément Dominique de Villepin. On suppose alors que « Quai d’Orsay » relate le quotidien d’un homme, d’un ministre et de son cabinet. Pas que. Alexandre Taillard de Vorms est un hyperactif exalté, fougueux visionnaire. Revers de la médaille : il est insupportable. Travailler avec lui n’est pas une sinécure, encore plus pour le jeune diplômé Arthur Vlaminck qu’il vient d’engager pour rédiger ses « langages ». Non pas qu’il manque de lettres, bien au contraire (Héraclite est son livre de chevet du moment), mais chaque pharaon recourt à un ou plusieurs scribes pour écrire, réécrire, re-réécrire ses discours…Arthur, naïf, débarque dans cet univers frénétique, quasi hystérique enchaînant les situations désopilantes dont il est très agréable de rire. Le trait fluide de Blain colle parfaitement au rythme et à la cadence imposée par Taillard de Vorms, la tornade. Lui colle ou la traduit…Allez savoir. Quoiqu’il en soit le duo Lanzac/ Blain nous offre une satire extraordinaire des rapports hiérarchiques et du monde diplomatique ainsi qu’un portrait sans concession d’un Homme politique. C’est certes plutôt instructif sur le fonctionnement d’un cabinet d’un grand ministère comme celui du Quai d’Orsay mais c’est avant tout très drôle et graphiquement très réussi. Encore !