On reprend la même équipe de l'excellent Fondu au noir pour créer une nouvelle œuvre, Kill or be Killed, autant dire que le titre nous donne déjà un petit frisson de plaisir : il va y avoir du sport ! Le héros n'en est pas vraiment un, c'est plutôt un loser : une amie d'enfance qui ne respecte pas ses sentiments, des conditions étudiantes précaires, une enfance pas réjouissante... jusqu'à ce que le pire arrive, une tentative de suicide. Rien de réjouissant jusque-là, sauf qu'en fait, l'apparition d'un démon après sa tentative ratée va enclencher un « courage » jamais atteint. Effectivement, il lui en doit une pour lui avoir sauvé la vie, pour la peine Dylan doit prendre celle des autres, celle de ceux responsable de bousiller l'existence d'autrui, des salauds comme lui à présent, sauf que là, il assume ses actes, et ne tuera jamais les bons, il n'a pas le choix, sinon c'est lui qui y passe. Après avoir voulu mourir, il a à présent une nouvelle raison de vivre. On assiste au premier meurtre prémédité, à ses habitudes mises en pagaille, sortant la nuit avec une nouvelle excuse à trouver à chaque fois par exemple. Ed Brubaker nous conte ce récit à la première personne, pour plus d'immersion, et les paysages de Sean Phillips, ainsi que la couleur d'Elizabeth Breitweiser, participent à ressentir cette peur de ce quotidien, accompagné d'un dégoût du passé, de l'injustice du présent, de la douloureuse punition dans l'avenir. J'en attendais beaucoup de ce nouveau récit à la Dexter, il souffre certes de la comparaison des séries actuelles américaines, pourtant, le seul défaut de ce livre, c'est d'en montrer encore trop peu, ici, on prend le temps d'installer l'ambiance, de connaître les personnages, même secondaires. Alors, je fais confiance aux talentueux auteurs, comme un chasseur, on attend notre proie avec une patience forcée, soit, le deuxième tome !