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Critique de The promised Neverland #1

par KssioP le mar. 29 mai 2018 Staff

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THE PROMISED NEVERLAND, voilà un titre que j’avais hâte de tenir entre les mains. Repéré il y a un an déjà, j’étais ravie de sa licence en France. Sans savoir de quoi ça parle exactement, j’étais intriguée par son titre –un parallèle à Peter Pan et son pays imaginaire- et les quelques planches entraperçues sur le net. Les premières impressions sont bonnes après lecture du tome 1. Malgré un manque d’originalité dans le fond, la forme nous fait gentiment dériver tandis que l’île qui se profile à l’horizon attise notre curiosité.

Emma, une orpheline de 11 ans nous parle au passé sur les premières pages, sous-entendant à notre esprit que quelque chose d’important s’est passé. Un bouleversement négatif qui a remis en cause toutes ses certitudes. Le ton grave et un peu triste d’Emma, contrasté de manière radicale par les images de bonheur confortent notre ressenti. Tout incite au drame et on se prépare d’avance au pire.

Emma vit à Grace Field House, un orphelinat totalement isolé du reste du monde. Entourée de trente-sept autres enfants âgés de moins de 12 ans, ses journées sont un havre de paix. Un amusement constant. Cette gamine semble facile à vivre. Elle est souriante, enjouée, aimante, intelligente et sportive. Tout le monde l’apprécie. Ses deux meilleurs amis Norman et Ray n’ont rien à lui envier cependant. Deux garçons de son âge, ils sont comme des génies en format miniature. A eux trois, ils forment le trio de tête, les meneurs de l’orphelinat. Evidemment, leur personnalité respective et leurs aptitudes se complètent à la perfection pour le bon déroulement de l’histoire. Emma nous confie qu’elle adorait sa vie à Grace Field, sa famille c’était l’orphelinat et cette femme que tous appelaient « Mère ». Un cadre légèrement utopique.

Le lecteur sait que cette « Parfaite Normalité » décrite n’a rien de normal ou de rassurant. Il s’interpelle de détails et se pose les questions qu’apparemment tous ces enfants ne se sont jamais posé.

-          Pourquoi sont-ils tous habillés en blanc comme dans un hôpital ou un laboratoire ?

-          Pourquoi ces numéros tatoués sur le cou comme dans des camps de concentration ?

-          Pourquoi ces tests de Q.I au quotidien ?

-          Et pourquoi ne se posent-il aucune question quand le simple fait d’être retirés du monde devrait tout de suite sonner l’alarme ?!

Même les enfants jusqu’à maintenant choisis pour l’adoption n’ont jamais redonné signe de vie. Pourquoi ? Aucun adulte hormis « Mère », aucun animal dans la nature, pas de visiteur, pas de contact et des lieux interdits, cela devrait titiller, non ?

Alors forcément dans ce contexte là, dans ce milieu « lobotomisé » que l’on perçoit, on attend que le tableau où est représenté l’Eden se brise pour qu’enfin soit dévoilé la face cachée. Le scénariste (Kaiu Shirai) ne tergiverse pas. Le jour J survient au bout d’une vingtaine de pages. Toutefois, on avait beau être préparés, sentir la Mort roder alentours, la surprise est de taille –sans mauvais jeu de mots- et le spectacle macabre n’est pas pour les âmes sensibles.

Je ne vais pas vous gâcher le plaisir en vous révélant la sombre histoire, sachez cependant qu’il s’agit maintenant de survivre. Tous ensemble, Emma veut sauver tout le monde. Pas de temps à perdre, il faut réfléchir vite et bien. Echafauder un plan infaillible pour déjouer les pièges et vaincre cette « Mère » qui les a trahis.

On se retrouve dans un manga de style « Survivor ». Un peu monstrueux, un peu conte pour enfants, c’est cette balance qui accroche mon attention. On ne suit pas l’évolution d’adolescents ou d’adultes avec tous leurs problèmes déjà vus et revus. On suit des gamins, certains n’ont à peine que quelques mois, qui essaient de sauver leur peau dans un monde totalement inconnu. Comme dans Peter Pan, ils doivent prendre leur destin en main car des plus grands n’ont que faire de leur sort. Oh et aussi il n’est pas bon de grandir, enfin de vieillir.

Sans oublier que l’époque nous prend au dépourvu. L’histoire ne renvoie rien de notre époque moderne où tout est connecté, surveillé, filmé, partagé. Pas de Tv, de téléphone, d’ordinateur, d’internet. Pourtant, on se trouve dans le futur, en 2045 pour être précis. Or on nous dit que c’est en 2015 que tout a changé. Forcément ça nous parle. Qu’est-ce qui a pu se passer pour que l’humanité en arrive là ? De nouvelles questions. L’auteur pose les jalons de son scénario comme dans un Thriller, il nous met sous tension dès le début et le suspense est parti pour durer. En dehors de l’orphelinat, c’est une page totalement vierge qui apparaît, ce qui laisse notre imagination déborder. Tout est possible. Et c’est cela qui pousse à rester.

Certains diront que c’est une transposition plus enfantine de L’Attaque des Titans. L’isolement d’un groupe, la survie d’un groupe, un ennemi inconnu, un énorme mur à franchir qui fait aussi office de barrière… plusieurs éléments sont assurément communs aux deux titres. Pourtant, ils sont entièrement dissociables. THE PROMISED NEVERLAND ne parle pas de revanche, de haine ou d’attaque. C’est plus cérébral, c’est une partie d’échecs qui se joue très rapidement. En effet, la force du tome 1 réside dans son rythme effréné. On ne nous laisse pas respirer. On boit d’une traite les pages et on se rend compte à la fin qu’on a plus soif encore.

Le style graphique est plaisant. J’aime beaucoup. Le dessinateur (Posuka Demizu) a un petit quelque chose de très personnel, inimitable. Le design des visages semble épuré, un peu tranché même comme dans l’expression « taillé à coups de serpe », sauf que s’il l’on s’attarde deux secondes sur tout le reste, on se rend compte que tout est maîtrisé, que le trait est assuré. Très dynamique et très réaliste. J’ai particulièrement apprécié le dessin des corps. La musculature des jambes d’Emma m’a rappelé ces gamins qui passent leur temps à courir. Ce style n’est pas forcément japonais, plutôt occidental. L’ambiance fait british. Les vêtements, les objets de décoration, les noms, les arbres, l’architecture… un clin d’œil au titre et à Peter Pan peut-être ?! 

En bref

Ne vous fiez surtout pas à la couverture très colorée de The Promised Neverland, l’histoire nous embarque dans un thriller macabre, un survivor placé dans le futur mais qui pourtant rappelle le passé. Des orphelins pas plus hauts que trois pommes trahis par leur « Mère » et balancés en pâture prennent conscience de leur sort. Une fuite s’organise mais tout reste à faire. C’est leur vie qui est en jeu. Menés par Emma et ses amis, ils tentent rapidement de rassembler leurs forces mais ce ne sont que des enfants et l’extérieur semble pire que la jungle. Sans compter qu’un ennemi qui tient plus de la légende urbaine que du réel se dresse sur leur route. Combien sont-ils, qui sont-ils, on l’ignore. L’auteur n’a rien inventé dans son idée de base, pourtant la suite pourrait nous surprendre. Un tome 1 qui fonce tambour battant, on ne s’ennuie. Une lecture très plaisante, j’en redemande.

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