Durant la lecture des premiers tomes, mon ressenti était que la recette imaginée par Kohei Horikoshi offrait un divertissement plaisant grâce à quelques sacrés bons ingrédients. Parmi eux, on retrouve cet univers de superhéros doté d’un concept original qui parvenait à éveiller notre curiosité et donnait envie de voir jusqu’où l’auteur allait pousser sa réflexion concernant ce dernier. A ceci venait s’ajouter une grosse dose d’action et d’humour réussie alors portée par toute une galerie de personnages tous plus sympathiques les uns que les autres à commencer par nos mini-héros dont la marge de progression assez importante annonçait de belles évolutions, des professeurs charismatiques et bien barrés prenant à cœur leur rôle de formateur et enfin le clan des super vilains eux aussi amateurs qu’on était impatient de voir grandir en parallèle de nos héros. De bonnes idées, de bons développements et l’assurance de passer à chaque fois un bon moment de lecture, voilà ce qui ressortait des premiers tomes et que je m’imaginais retrouver à chaque nouvelle parution. Sauf que l’auteur s’est montré bien plus ambitieux concernant le développement de son intrigue que ce à quoi je m’attendais, il m’a d’ailleurs bluffé en poussant ses idées plus loin lors de « l’affaire Stain ». Il est alors parvenu à créer la surprise nous offrant alors une intrigue bien plus sombre qui amenait ses lecteurs à s’interroger sur la vision de ce tueur de héros concernant son monde. Quelle excellente idée, mon intérêt pour la série s’est vu augmenter de trois crans ! Puis ce fut au tour du camp d’entrainement qui a complètement viré au cauchemar en cours de route, le mangaka a non seulement eu les tripes de plonger ses héros en herbe dans des situations plus que critiques mais il les a en plus enchaînées dans un rythme infernal et haletant. Une chasse à l’homme terrifiante maîtrisée de bout en bout et au suspens monstrueux qui nous aura maintenu en haleine durant plusieurs tomes avant de terminer sa course dans un final à couper le souffle. Vous l’aurez compris, ce onzième tome est une énorme claque où devrais-je plutôt dire un sublime Detroit Smash !

On reprend la lecture alors terriblement impatient d’une part avec l’envie de voir la façon dont nos amis allaient se tirer de ce foutu pétrin et d’autre part celle d’assister à l’affrontement d’All Might vs All for one qui s’annonçait tout bonnement dantesque. Bien que l’apparition du symbole de la paix fut un réel soulagement et nous permettait d’espérer une fin heureuse, on se rendra vite compte qu’il ne pourra pas mener le combat sur tous les fronts en même temps malgré une force et une détermination incroyable. La pression et le suspens sont absolus, on se met alors à tourner les pages de plus en plus fébrilement. La situation est plus que critique, c’est pourquoi on ne peut que saluer l’intelligence, la lucidité et la solidarité dont feront preuve nos mini héros qui conclut de façon convaincante et sur un beau sentiment la mission de sauvetage de Katchan. Une fois les disciples des deux camps écartés, le combat peut enfin réellement débuter entre ces deux entités à la puissance incomparable. Déjà ébloui par la violence et la nervosité de ce dernier, on sera totalement ébahi durant son déroulement tout bonnement incroyable. On reçoit en pleine face la haine et la colère que se vouent mutuellement ces deux hommes que tout oppose. On se retrouve dans la même position que les personnages, civils et héros, qui ont tous les yeux rivés sur le combat, le cœur battant et attendant dans l’angoisse la plus totale son issue. Hautement immersif, on est totalement emporté par l’énergie du désespoir qui se dégage des scènes. Là où l’auteur excelle et arrive à nous surprendre réside dans sa capacité à rendre ce combat plus psychologique que physique. Je n’ai pas de mot pour exprimer à quel point je fus bluffé par sa manière de mettre complètement à nu son héros entre des révélations qui font mal et ces scènes où on le voit s’accrocher de toutes ses forces à cette petite étincelle qui ne brulera bientôt plus en lui, il va tout donner afin de passer le relai à la génération suivante dans les meilleures conditions. Une page vient de se tourner et une autre continue d’être écrite, l’émotion ressentie à ce moment précis est juste incroyable. Quelles en seront les répercussions ? Le pire est à imaginer mais l’auteur a déjà commencé à réfléchir sur ce point et nous laisse sur une excellente impression de ce que sera la suite de son titre.

Enfin, on termine sur un chapitre plein d’émotion où une mère exprime très clairement la peur de voir son enfant être mêlé davantage aux conflits entre super héros et super vilain. Elle pointe du doigt sa perte de confiance envers les professeurs  et l’établissement de Yuei. Le cri du cœur de cette dernière nous bouleversera, on ne peut que comprendre ses sentiments. La réaction mature d’Izuku et l’humilité dont fera preuve All might finira ce onzième tome de la plus belle des façons. Emotion quand tu nous tiens !