Viens Dans Mon Comic Strip : Triple trilogie

Retour sur un artiste qui a marqué Superman !

SUPERMAN PAR GIL KANE

Triple trilogie

 

La rédaction, il y a quelques semaines, de nombreux articles à destination d’un dossier Superman dans les pages de Scarce m’a permis de lire ou de relire de nombreuses histoires du protecteur de Metropolis. J’en profite pour revenir sur une belle prestation, celle de Gil Kane, au début des années 1980.

 

On ne le dira jamais assez, suivre les aventures de Batman et de Superman quand on était un jeune lecteur français, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, équivalait à un parcours du combattant teinté de la douce espérance d’y comprendre quelque chose. Dans le cas de Superman, le personnage souffre (enfin, c’est un bien grand mot), de choix éditoriaux qui lissent le personnage, rabotant toutes les aspérités et tous les particularismes. Les histoires en une ou deux parties (souvent écrites par Cary Bates ou Elliot S ! Maggin) et la présence constante de Curt Swan au dessin n’aide pas non plus à faire ressortir des sagas, des thématiques, voire des auteurs, comme si le personnage était condamné à un éternel présent sans évolution. Ce qui était un peu le cas, reconnaissons-le. Avec l’édition française chez Sagédition, où les séries ne sont pas publiées dans l’ordre et sont distribuées au petit bonheur la chance dans les différentes revues, sans régularité ni fidélisation, le peu d’originalité que tentent certains auteurs est largement diluée au fil de sommaires en désordre.

 

 

La critique (pour peu qu’elle s’intéresse à Superman, ce qui n’était pas gagné) a bien conscience de cela. Dans le numéro que Starfix consacre à Superman III (partageant le sommaire avec Tonnerre de feu…), la rédaction revient sur les aventures dessinées du personnage, et s’arrête sur la prestation de Gil Kane (présentée comme un électrochoc pour un personnage à la routine ronronnante), proposant, en illustration d’un article dythirambique, des cases d’un de ses épisodes. Alléchant, bien entendu. Quelques années plus tard, une publicité pour la librairie Déesse (et son service de vente de planches originales) montre d’autres extraits (tirés du même épisode, au demeurant), et c’est tout aussi alléchant.

 

 

Il me faudra du temps avant de découvrir que ces épisodes sont traduits, grâce à quelques couvertures de Kane utilisées par Sagédition, ce qui permet de repérer plus facilement les numéros. Enfin, pas tous. Pas dans l’ordre. Pas dans les mêmes supports. Bref, un bazar sans nom, qui me prendra là encore des années à compléter.

 

 

Gil Kane signe dix épisodes d’Action Comics entre 1983 et 1984. Les récits s’intègrent dans une vaste saga conduite par le scénariste Marv Wolfman. Je ne m’attarderai pas sur les intrigues qu’il construit, cela reviendrait à gâcher votre plaisir quand vous lirez le dossier Superman de Scarce. Cependant, Kane se taille la part du lion, signant trois trilogies (la première consacrée à la guerre Lord Satanus / Blaze, la deuxième à Brainiac, la troisième aux Forgotten Heroes), et un épisode solo, hommage au personnage.Dans le tas se trouve l’épisode rendant un coup de chapeau ému aux deux créateurs du personnage, concluant la troisième trilogie et menant Wolfman vers la fin de sa prestation.

 

 

Chez Sagédition, c’est le bazar. Les épisodes de Wolfman sont en partie traduits dans Superman Géant, mais la première trilogie de Kane paraît dans Collection Présence de l’Avenir #9. Les épisodes consacrés à Brainiac, eux, demeurent inédits. Action Comics #551 paraît dans Superman Géant #24, les #552-553 dans Superman Géant #25, mais le #554, suite directe des deux précédents, est publié dans Superman Poche #87.

 

 

Car voilà une astuce propre à Sagédition : publier une série américaine en alternance sur deux supports de traduction, souvent bimestriels. Ce qui rend la lecture plus compliquée au fan qui ne suit qu’une seule des revues.

 

 

 

Déjà que la traduction est à l’avenant du travail habituel de Sagédition : transcriptions elliptiques, phrases qui commencent sans finir (ou inversement), références culturelles ratées, indigence générale. Le seul point positif reste que leur lubie de publier deux pages noir & blanc en alternance avec deux pages couleurs (sous un prétexte économique qui ne tient pas la route) permet de savourer le trait de Kane, sur la moitié de chaque épisode, débarrassé des couleurs. Et vu comment il dessine Lois Lane ou Lana Lang, c’est tout bénéf !

 

 

Kane signera également quelques épisodes de Superman en 1982, écrits par Martin Pasko et Bob Rozakis, ainsi que deux numéros spéciaux. Il ira même jusqu’à écrire lui-même l’un de ces deux épisodes, chose rare dans sa carrière. Pour quelqu’un qui a manifesté, dans des interviews, son désintérêt pour les histoires stupides qu’on lui donnait à illustrer, il semble s’investir plus que de raison. L’ensemble de ses prestations est disponible dans un recueil édité en hardcover par DC, et que je conseille à tous.

 

Source:

Jean-Marc Lainé, auteur, traducteur et responsable éditorial dans le monde des comics. Il a écrit récemment le livre : Comics & Contre-Culture, disponible à ce jour.

Articles en relation
Red Skin vu par Jim Lainé

Red Skin vu par Jim Lainé

ven. 22 mars 2019
VIENS DANS MON COMIC STRIP : SPÉCIAL NOËL - Les Super-Juniors

VIENS DANS MON COMIC STRIP : SPÉCIAL NOËL - Les Super-Juniors

mer. 21 déc. 2016
C'est noël avec Jim et les super-juniors !...
Commentaires (0)