Retour vers le passé : Gorgo (1961)

 

Fantastique
Long métrage britannique
Réalisé par Eugène Lourié
Scénarisé par Robert L. Richards et Daniel James
Avec Bill Travers, William Sylvester, Vincent Winter, Bruce Seton…
Année de production : 1961

Le français d’origine russe Eugène Lourié a débuté sa carrière cinématographique dans les années 20 en tant que décorateur. C’est d’ailleurs le poste qu’il a occupé le plus souvent tout au long d’une filmographie étendue sur six décennies (son dernier long métrage en tant que chef décorateur est le Bronco Billy de Clint Eastwood en 1980). Lourié ne se limitait pas à la conception des décors : il fut le responsable des effets spéciaux d’une poignée de productions, costumier, scénariste, acteur en deux occasions ainsi que réalisateur de quatre films tous liés à la vague de monstres géants qui a déferlé sur les écrans dans les années 50/60.

Eugène Lourié fut l’un des précurseurs de cette mode avec Le Monstre des Temps Perdus en 1953 avant de signer The Colossus of New-York en 1958, Behemoth the Sea Monster en 1959 et enfin Gorgo en 1961. Gorgo a en quelque sorte bouclé cette boucle : Le Monstre des Temps Perdus fait partie des inspirations de la création de Godzilla et Gorgo a souvent été décrit comme un « Godzilla britannique » (Gorgo devait d’ailleurs à l’origine se dérouler au Japon, ce qui était vu comme un hommage à Godzilla, avant que le choix des auteurs se porte sur la France et finalement sur les îles britanniques).

 

 

Le capitaine Joe Ryan et son équipe de chasseurs de trésors assistent à l’éruption d’un volcan sous-marin, un phénomène qui libère un monstre sous-marin ressemblant à un dinosaure. Motivés par l’appât du gain, Ryan et son associé Sam Slade (campé par William Sylvester, qui sera ensuite le scientifique Heywood Floyd dans 2001, L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick) décident de capturer le monstre qu’ils baptisent Gorgo pour l’exposer à Londres comme une bête de foire. Mais les deux compères vont découvrir que Gorgo n’est en fait qu’un enfant…la mère n’est pas loin et elle n’est vraiment pas contente de la disparition de sa progéniture…

Le scénario de Gorgo reprend des éléments classiques des films de monstres. Comme d’autres personnages de ce genre, Joe Ryan est un digne héritier du Carl Denham de King Kong…seul le profit l’intéresse, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. D’abord sur la même longueur d’ondes que son partenaire, Sam change progressivement d’avis lorsqu’il découvre le sort réservé à Gorgo. Pas de présence féminine ici (à part la gigantesque maman bien entendu)…le film est d’ailleurs essentiellement masculin…la voix de la raison est apportée par un gamin adopté en quelque sorte par les deux compères…

 

 

Après avoir travaillé avec Ray Harryhausen sur Le Monstre des Temps Perdus, Eugène Lourié a utilisé pour Gorgo la technique du suitmotion…ou tout simplement l’acteur dans un costume…ce qui accentue encore plus les points communs avec Godzilla. Si certains plans peuvent prêter à sourire et que le déroulement de l’histoire n’offre pas vraiment de surprises, l’ensemble monte bien en puissance et prépare efficacement au spectaculaire et tendu dernier acte qui voit la maman de Gorgo dévaster Londres à la recherche de son petit. Des scènes qui ont du engloutir le faible budget, expliquant ainsi le recours à de nombreux stock-shots pour représenter les interventions de l’armée (Eugène Lourié aurait voulu s’en passer mais le recours à ces images d’archives a été imposé par sa production).

Gorgo fut aussi le héros d’une série de bandes dessinées chez Charlton Comics (un mensuel et deux mini-séries), 26 épisodes publiés entre 1961 et 1965 dont certains dessinés par Steve Ditko.

 

 

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