Retour vers le passé : Supernova (2000)

 

Science-fiction/horreur
Long métrage américain/suisse
Réalisé par Thomas Lee
Scénarisé par David C. Wilson, d’après une histoire de William Malone et Daniel Chuba
Avec James Spader, Angela Bassett, Peter Facinelli, Robin Tunney, Lou Diamond Phillips, Robert Forster, Wilson Cruz…
Année de production : 2000

Selon les crédits officiels, Supernova aurait été réalisé par un certain Thomas Lee. Mais en fait, ce Thomas Lee n’existe pas…il s’agit d’une variation de Alan Smithee, un pseudonyme utilisé aux Etats-Unis par des metteurs en scène mécontents du résultat de leur film pour diverses raisons. Après la sortie de la comédie de Arthur Hiller An Alan Smithee Film en 1998, la Guilde des Acteurs a décidé de ne plus utiliser ce nom. Peu de temps après, Supernova a connu une production très compliquée, au point que son réalisateur principal, Walter Hill, a décidé de s’en dissocier en exigeant que son nom n’apparaisse pas au générique. « Thomas Lee » regroupe donc plusieurs personnes.

À l’origine, le projet est une idée du réalisateur de série B William Malone (Scared to Death, Creature…). En 1988, Malone envisageait Dead Star comme une production à petit budget, une sorte de « Calme Blanc dans l’espace » tournant autour d’une expédition chargée de ramener des artefacts extraterrestres sur Terre avant de découvrir que l’un de ces objets renferme une force maléfique. Son script accompagné de quelques dessins préparatoires par H.R. Giger a été racheté par la MGM qui a amené plusieurs scénaristes pour le retravailler (seuls deux restent crédités en plus de Malone).

 

 

Le vaisseau est alors devenu celui d’un corps médical spécialisé dans les opérations de sauvetage. Le Nightingale reçoit un appel de détresse d’une colonie minière située à plus de 3000 années-lumières. Après un saut dimensionnel, l’équipage est pris dans un orage magnétique causé par une étoile sur le point d’exploser. Le vaisseau est endommagé mais ils peuvent tout de même récupérer l’unique survivant, un jeune homme qui possède un étrange objet alien. Le Nightingale n’aura pas beaucoup de temps pour tenter un nouveau déplacement dimensionnel…mais leur nouvel hôte a ses propres plans…

Le réalisateur australien Geoffrey Wright a été le premier nom attaché à Supernova avant de claquer la porte deux mois avant le tournage en citant les fameuses « différences créatives ». Le nom de Jack Sholder (Hidden) a alors été évoqué mais le boss de la MGM était contre. Ce serait James Spader qui aurait alors suggéré Walter Hill. Ce dernier était intéressé par le fait de travailler sur son premier film de science-fiction en tant que réalisateur après avoir co-écrit et co-produit les trois premiers Alien. Mais toute l’expérience s’est révélée être un cauchemar, sa vision de l’histoire étant totalement différente de celle du studio.

 

 

Walter Hill voulait en effet un film sombre, dérangeant, plus grotesque au niveau des transformations subies par les personnages à cause de l’influence de l’artefact. Le studio voulait un film plus « sexy » (ce qui doit expliquer pourquoi les membres d’équipage passent autant de temps torses nus ou complètement à poil), se reposant moins sur les effets de maquillages. Avec les exécutifs sur le dos, Walter Hill a rendu un premier montage qui a été projeté à un public-test alors que les effets n’étaient pas finalisés. Comme Hill s’en doutait, les réactions furent négatives et il a préféré partir. Jack Sholder a finalement été appelé pour tourner les reshoots, supprimer des scènes et en ajouter des nouvelles. Ce qui n’a pas suffi pour les nouveaux responsables de la MGM qui ont tenté de faire revenir Walter Hill. Mais ses demandes, jugées trop chères, ont été refusées et le métrage a pris la poussière pendant quelques mois jusqu’à ce que Francis Ford Coppola, membre du comité de direction de la MGM, soit choisi pour superviser un nouveau montage, histoire de sortir enfin le film en 2000, deux ans après la date initialement prévue.

Sans surprise, le résultat final souffre de toutes ces interventions contradictoires. La première heure est terriblement laborieuse, la présentation des protagonistes n’est pas très convaincante (les coupes se ressentent dans le développement de l’intrigue) et le montage est chaotique, notamment lors des scènes de sauts dimensionnels. Il y a du mieux dans la dernière partie, des scènes d’action un peu plus intenses, mais rien qui ne vienne sauver un ensemble bancal qui se referme sur une dernière scène ridicule. La sortie de Supernova s’est soldée par un échec cinglant au box-office et Walter Hill a attendu 2002 pour retourner derrière la caméra pour le film de boxe carcéral Un seul deviendra invincible.

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