Retour vers le passé : Godzilla (1998)

 

Action/fantastique
Long métrage américain
Réalisé par Roland Emmerich
Scénarisé par Roland Emmerich et Dean Devlin, d’après une histoire de Emmerich & Devlin et Ted Elliott & Terry Rossio
Avec Matthew Broderick, Jean Reno, Maria Pitillo, Hank Azaria, Kevin Dunn, Michael Lerner…
Année de production : 1998

La première version américaine de Godzilla a mis plusieurs années à se concrétiser. Le réalisateur Steve Miner (révélé par la saga Vendredi 13) a développé pendant deux ans un remake en 3D, avec Fred Dekker au scénario et William Stout pour des illustrations de pré-production. Mais il n’a pas pu le vendre à un studio, notamment à cause d’un budget estimé à 30 millions de dollars, et s’est résolu à abandonner ses efforts fin 1984. Presque dix ans plus tard, un producteur proche du studio Toho relance l’idée et parvient à convaincre le président de Sony qui confie le projet à sa filiale TriStar.

Après avoir approché plusieurs scénaristes et réalisateurs (les noms de Tim Burton, Clive Barker ou encore Jim et John Thomas, les frangins à l’origine de Predator, ont circulé…ainsi que Dean Devlin et Roland Emmerich qui avaient d’abord refusé), le studio a retenu Ted Elliott et Terry Rossio (AladdinSmall Soldiers…) au scénario et Jan De Bont, directeur de la photographie qui venait de connaître son premier succès en tant que réalisateur avec Speed, à la mise en scène. Grand fan de Godzilla, De Bont tenait à rester proche de l’esprit des films originaux tout en s’éloignant du traumatisme nucléaire à la base de la création de Godzilla. Dans leur histoire, le Roi des Monstres (au design signé Stan Winston) a été créé par une antique civilisation à partir de gênes de dinosaures pour protéger l’humanité contre une menace extraterrestre dont l’arme principale est un monstre géant appelé le Gryphon.

 

 

Au fil des réécritures, le budget commence à monter et le studio cherche à économiser. Jan De Bont finira par claquer la porte pour aller faire Twister…et ironiquement le film sorti en 1998 dépassera la somme qui faisait reculer TriStar. Roland Emmerich et Dean Devlin sont alors appelés à la rescousse. Les compères qui sortaient du triomphe d’Independence Day avaient d’abord dit non parce qu’ils trouvaient l’idée stupide. Emmerich voulait enchaîner avec un film catastrophe sur une pluie de météores…jusqu’à ce qu’il apprenne que Deep Impact et Armageddon étaient en production. Il a donc finalement accepté Godzilla…tout en trouvant toujours l’idée stupide car il n’a jamais aimé Godzilla.

Roland Emmerich et Dean Devlin ont donc réécrit le script de Ted Elliott et Terry Rossio (crédités au générique même s’il ne reste quasiment rien de leur scénario original). Ils ont complètement changé l’apparence de Godzilla pour lui donner une allure plus animale imaginée par le spécialiste des effets spéciaux Patrick Tatopoulos, notamment afin de le rendre plus rapide. Et cette fois-ci, les français sont responsables de la création de Godzilla puisque que ce sont des essais nucléaires menés en Polynésie Française qui déclenchent la mutation d’un lézard. Des années plus tard, la bestiole a bien grandi et elle traverse l’Atlantique pour faire son nid à New York…

 

 

Comme cela a souvent été dit, le Godzilla de Roland Emmerich n’a de Godzilla que le nom. Le long métrage ressemble plus à un remake du Monstre des Temps Perdus (classique du film de monstres des années 50 qui fut d’ailleurs l’une des influences du Godzilla de Ishirô Honda). Un autre petit clin d’oeil à Ray Harryhausen est d’ailleurs présent puisqu’on peut voir une scène du Monstre vient de la Mer sur un écran TV. Les personnages sont pauvrement caractérisés (le savant joué par Matthew Broderich est falot, sa petite amie est inintéressante, Jean Reno et sa troupe d’agents tous prénommés Jean-quelque chose sont des clichés ambulants…), les rebondissements souvent crétins (les militaires font plus de dégâts que le gros lézard) et le déroulement de l’histoire est (très) inégal (avec un creux au bout d’une heure et un dernier acte qui fait très Jurassic Park avec ses mini-Godzilla).

Bref, les défauts habituels des films catastrophes à la Roland Emmerich. Mais le bonhomme sait aussi concocter des scènes spectaculaires, la révélation progressive de son 'Zilla est plutôt bien orchestrée et les premières démonstrations de destructions restent efficaces. Par contre, mon dernier visionnage remontait à plus de 20 ans et je trouve que les images de synthèse ont pris un sérieux coup de vieux (alors que le Jurassic Park de Spielberg reste impeccable sur ce point). Une trilogie était prévue mais les résultats décevants en ont décidé autrement. Une suite a tout de même été produite sous la forme d’une série animée qui a eu droit à deux saisons entre 1998 et 2000.

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