Retour vers le passé : Les Incorruptibles (1987)

 

Drame/thriller
Long métrage américain
Réalisé par Brian De Palma
Scénarisé par David Mamet d’après le livre de Eliot Ness et Oscar Fraley
Avec Kevin Costner, Sean Connery, Andy Garcia, Charles Martin Smith, Robert De Niro…
Titre original : The Untouchables
Année de production : 1987

Les Incorruptibles est un projet de longue date du producteur Ned Tanen, qui tenta d’obtenir les droits des mémoires d’Eliot Ness pendant une dizaine d’années alors qu’il travaillait à la Universal. Ce n’est que lorsqu’il est devenu le président du département film de la Paramount fin 1984 qu’il a pu lancer l’adaptation, le studio détenant les droits ciné et télévisés de la vie du célèbre agent du Trésor américain. Tanen a confié le long métrage à Art Linson (qui avait notamment produit la comédie Ca chauffe au lycée Ridgemont) et au dramaturge David Mamet (pour son troisième scénario pour le grand écran après Le Facteur sonne toujours deux fois et Verdict).

 

 

Après les échecs de Blow Out et de Body Double et les résultats modestes de Scarface, le réalisateur Brian De Palma avait besoin de travailler sur quelque chose d’un peu plus « commercial »…même si je trouve que ce terme est ici un peu trop réducteur. Pour De Palma, Les Incorruptibles était clairement une commande, par rapport aux films plus personnels qu’il venait d’enchaîner et c’est certainement pour cela qu’il n’en a pas toujours parlé en bien dans les années qui ont suivi. Pour ma part, c’est l’un des De Palma que j’ai du revoir le plus souvent et ce polar d’époque aux accents westerniens n’a rien perdu de son efficacité.

La distribution est impeccable. Les auteurs n’ont pas voulu suivre le portrait de Ness en dur à cuire immortalisé par Robert Stack dans la série télévisée diffusée entre 1959 et 1963. Dans leur version, Eliot Ness est un père de famille, présenté dans une scène à la Norman Rockwell, confronté à la violence et aux choix difficiles qu’il devra prendre dans sa quête de justice. Rôle taillé pour Kevin Costner, qui n’était pas encore une star (ce qui n’allait plus tarder). Sa rencontre avec un flic irlandais (à l’accent écossais…ce qui fut l’objet de moqueries mais je m’en fiche car pour moi Connery a toujours la voix de Jean-Claude Michel) va l’amener à créer une équipe entièrement dédiée à la chute d’Al Capone (savoureux Robert De Niro). Sean Connery est impérial dans un de ces personnages de mentor qui ont relancé sa carrière dans les années 80…et Andy Garcia et Charles Martin Smith complètent idéalement ce quatuor, chacun se réservant des moments pour briller, autant dans l’action que dans l’émotion.

 

 

La fictionnalisation d’événements réels fonctionne très bien (je reviens à la dimension western, avec ce rapport entre réalité et légende cher à John Ford) et l’intrigue bien ficelée ne manque pas de morceaux de bravoure appuyés par d’excellentes idées de mise en scène et par la superbe bande originale signée par le maestro Ennio Morricone. Les agents incorruptibles connaissent aussi bien le succès que l’échec et l’euphorie lumineuse (la fameuse chevauchée à la frontière canadienne) laisse place à l’horreur lors de règlements de compte particulièrement sanglants (le montage en alternance entre Al Capone à l’opéra et ce qui passe dans l’appartement de Malone est intense et brillant). Et même l’incarnation de la droiture qu’est Eliot Ness fera une entorse à sa vision de la justice au cours du dernier acte…

Sorti à l’été 1987, Les Incorruptibles a très bien marché au box-office avec plus de 100 millions de dollars de recettes pour une mise initiale de 25 millions. Mais Brian De Palma a ensuite à nouveau connu l’échec avec les réceptions négatives du très bon (et difficile) Outrages et du nettement moins intéressant Le Bûcher des Vanités.

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