Retour vers le passé : Le Manoir du Chat Fantôme (1958)

 

Horreur
Long métrage japonais
Réalisé par Nobuo Nakagawa
Scénarisé par Jiro Fujishima et Yoshihiro Ishikawa
Avec Toshio Hosokawa, Midori Chikuma, Fuji Satsuki…
Titre original : Bōrei kaibyō yashiki
Année de production : 1958

Le kaibyō eiga (ou film de chat fantôme) fait partie des sous-genres du cinéma fantastique japonais. Le kaibyō est un terme qui désigne les félins surnaturels du folklore japonais, ils peuvent prendre plusieurs formes comme le Bakeneko (qui a la capacité de se changer en humain, maudire les êtres vivants et manipuler les morts) ou le Maneki-Neko (plus positif puisqu’il apporte la chance). Au cinéma, le Bakeneko a été le plus souvent utilisé dans des longs métrages comme The Ghost Cat and the Mysterious Shamisen (1938), Ghost Cat of Arima Palace (1953) ou encore celui dont il est question ici.

 

 

Réalisé par Nobuo Nakagawa (spécialiste du fantastique dont l’un des films les plus connus est Jigoku/L’Enfer sorti en 1960), Le Manoir du Chat Fantôme a une intéressante construction non-linéaire, un « film-gigogne » qui effectue plusieurs retours en arrière pour développer son histoire de vengeance et de malédiction. Tout débute dans les couloirs sombres d’un hôpital pendant une panne d’électricité. Dans cette ambiance assez pesante (notamment marquée par la vision morbide de deux infirmiers qui déplacent un corps), le docteur Kuzumi se rappelle des événements qui ont eu lieu quelques années plus tôt, lorsqu’il s’était établi en pleine campagne pour pouvoir soigner sa femme atteinte de tuberculose…

Le médecin et sa femme ont emménagé dans une demeure laissée à l’abandon et qu’ils ont eu pour un bas prix, ce qui aurait du leur mettre la puce à l’oreille. Dès le début, le réalisateur soigne une ambiance mystérieuse qui joue dans un premier temps sur une suggestion qui n’est pas sans rappeler les classiques de Jacques Tourneur et Val Lewton. Le N&B aux filtres bleutés est très beau et participe à l’efficacité des apparitions d’une vieille femme qui vient tourmenter Madame Kuzumi…

 

 

Pour découvrir toute la vérité sur ces phénomènes étranges, le docteur et son beau-frère rendent visite à un prêtre qui leur raconte le lointain passé de la maison. Et c’est à l’occasion de ce deuxième flashback remontant à l’Ere Sengoku (15ème et 16ème siècle) que l’image passe à la couleur. Une astuce qui fonctionne très bien puisqu’elle accentue les aspects les plus irréels du récit tragique d’une famille détruite par un seigneur cruel qui se retrouve ensuite maudit et hanté par un Bakeneko. Les démonstrations spectrales héritées du théâtre kabuki peuvent parfois prêter à sourire (la scène dans laquelle la femme-chat fantôme dresse ses petites oreilles est plus involontairement drôle qu’effrayante) mais l’ensemble ne manque pas de charme, avec ses élégants décors reconstitués en studios, sa photographie pleine de contrastes et sa poésie macabre.

J’ai juste une petite réserve sur l’épilogue de cette série B assez courte (69 mn et pas une de trop), un happy-end qui détonne un peu par rapport au reste du film et qui aurait été imposé à Nobuo Nagakawa par les producteurs.

Commentaires (1)
  • PhoenixDu43
    Membre

    Pas mon genre mais merci pour le Feed Back !! ;--)