Retour vers le passé : Le Manoir des Fantasmes (1973)

 

Horreur
Long métrage britannique
Réalisé par Don Sharp
Scénarisé par Ed Brennan et Joseph Van Winkle
Avec Robert Hardy, Christopher Lee, Joan Collins, Herbert Lom, Jane Birkin, Jean Marsh…
Titre original : Dark Places
Année de production : 1973

Solide artisan de la série B britannique, Don Sharp a débuté sa carrière au milieu des années 50 et n’a commencé à se faire remarquer qu’en 1963 en rejoignant le mythique studio Hammer pour lequel il a tourné Le Baiser du Vampire. Il a ensuite enchaîné films d’aventures et fantastiques, à commencer par Les Pirates du Diable qui marqua sa première rencontre avec Christopher Lee. Les deux hommes s’appréciaient beaucoup et ont tourné ensemble à cinq autres reprises, dont le long métrage dont il est question ici.

Après Raspoutine le Moine Fou et deux entrées de la saga Fu ManchuLe Manoir des Fantasmes (Dark Places en V.O.) n’est pas vraiment la plus connue des collaborations entre Don Sharp et Christopher Lee. Unique production indépendante d’un certain James Hannah (qui n’a pas fait long feu dans l’industrie du cinéma), le film a été tourné fin 1972 et a eu du mal à trouver des distributeurs à l’international…il est ainsi sorti en 74 en Amérique, en 75 au Royaume-Uni et en 1979 en France. Bref, l’un des représentants d’une fin de cycle pour le cinéma horrifique anglais face à des productions américaines qui ont secoué le genre (Les ExorcisteMalédiction et autres Halloween…)…

 

 

Il y a un certain classicisme dans ce Manoir des Fantasmes, jusque dans la mise en scène de Don Sharp. Mais cela ne le rend pas inintéressant pour autant. L’intrigue prend son temps pour présenter les protagonistes et les enjeux. Le manoir Marr fait partie de ces demeures au lourd passé. Des années plus tôt, des meurtres y ont été commis et le propriétaire, Andrew Marr, a été interné. Sur le point de mourir, Andrew lègue l’endroit à Edward Foster en lui révélant qu’il avait caché deux valises pleine d’argent. Mais il rend son dernier souffle avant d’avoir pu lui avoir donné la localisation précise des mallettes…

Cet argent attise depuis longtemps la convoitise d’autres habitants du village et plus particulièrement le Dr Mandeville et sa soeur Sarah. Cette dernière décide de se rapprocher de Edward et de le séduire pour en savoir plus (ce qui n’est pas toujours du goût de son frère…j’ai comme l’impression que le bon docteur peine à refouler des sentiments incestueux). Pendant la première partie du métrage, le scénario laisse planer le doute sur les événements étranges qui se déroulent dans la maison, notamment grâce à des manifestations aussi furtives qu’efficaces, en jouant aussi bien sur les visuels que sur les sons, qui pourraient être de nature surnaturelle…

 

 

L’atmosphère devient de plus en plus trouble et brouille les pistes en orchestrant des va-et-vient réguliers entre le présent et le passé. Edward Foster est-il complètement cinglé ou est-il possédé par les esprits qui hantent les lieux ? Si le rythme est assez lent, le suspense est maîtrisé et les révélations bien amenées avant un final violent et mouvementé qui fait enfin éclater les sordides secrets du manoir en se rattachant à un sous-genre particulier du cinéma d’horreur (et en ajoutant une touche d’Edgar Allan Poe).

La distribution est de qualité, de Robert Hardy (Les Démons de l’Esprit) qui campe un Edward Foster de plus en plus fiévreux à Herbert Lom en notaire pas vraiment désintéressé en passant par le duo Christopher Lee/Joan Collins (l’actrice était alors en plein dans sa période de reine du bis U.K.) et la jeune et charmante Jane Birkin dans un rôle tragique.

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