Le début d’un bel univers

“Matt Fraction sort un nouv…” Je n’ai même pas lu la fin de l’annonce que j’étais déjà chez le libraire. Tout ce que je lis venant de cet auteur est génial (mon coup de cœur 2020 étant November que je ne peux que vous recommander) je n’ai jamais été déçu, et une fois de plus, j’ai passé un très bon moment de lecture et de découverte.

Matt Fraction nous plonge dans un nouvel univers qu’il construit avec le très bon Terry Dodson, publié à l’origine par Image comics. L’histoire est belle, profonde et on n’a pas le temps de s’ennuyer. Si vous n’êtes pas habitués à la littérature de Fraction, vous serez sûrement troublés par la quantité d’informations qui nous sont envoyées en pleine tête et même pour les habitués, chaque nouveau récit est une pure découverte qu'il faut digérer. Mais c’est sans aucune inquiétude que je vous conseille de vous accrocher car en général tout s'éclaircit intelligemment dans la suite de ses histoires.
Dans ce premier tome, j’ai été perdu plus d’une fois, je suis même revenu en arrière a deux ou trois reprises pensant que j’avais manqué quelque chose. Je reste sûr que ces éléments seront expliqués plus tard et c’est avec plaisir que je me replongerai dans ce très bel album. Paradoxalement, je dirai quand même que la dose d’infos est un peu trop élevée pour une entrée progressive dans le nouvel univers que le duo veut nous faire découvrir. Il y a beaucoup de personnages qui ont tous une histoire et qu’on nous présente assez rapidement au cours de l’album.
Le récit d’aventure, que je trouve adapté à n’importe quel public même si un enfant aurait clairement du mal à tout suivre, n’est pas qu’une fiction. Il permet de traiter des sujets tels que l’oubli, la solitude, le handicap ou encore l’ennui et c’est très bien traité. Le ton général est tout de même plus naïf qu'à l'habitude de Fraction à mon goût mais cela correspond malgré tout au récit.

Pour accompagner ce joli récit qui nous embarque à l’aventure dans une ambiance rétro d’une fiction se mêlant à notre monde actuel, on a le droit aux dessins de Terry Dodson encrés par Rachel Dodson. Je connais moins Dodson car il a travaillé sur des séries qui me parlent moins. J’ai dernièrement chroniqué son travail sur X men / Fantastic Four - 4X et contrairement à ce dernier sur lequel j’étais mitigé, ici j’ai été conquis par l’ambiance graphique. Les personnages sont beaux, nets et reconnaissables. Je reviendrai un peu plus tard sur la couverture mais j’adore.
L’album est superbement colorisé, ce qui donne des ambiances bien différentes pour aider à suivre les différentes trames spatiales et temporelles.

Pour l’édition, je pense que c’est un de mes albums préférés. Déjà pour la couverture, que je trouve vraiment très jolie. Puis pour le format que j’ai apprécié : ça change des formats comics dont on a l’habitude. On a ici le même gabarit que Glénat utilise pour Il faut flinguer Ramirez, si cela vous parle. Les matériaux utilisés sont qualitatifs et j’ai beaucoup apprécié la texture du papier.
Tout le dossier en fin d’album apporte beaucoup à l’histoire, notamment grâce aux présentations des personnages, mais apporte également beaucoup au fan que je suis. Quel plaisir de lire l’auteur expliquer lui-même son processus créatif et sa collaboration avec Dodson. Le tout étant agrémenté de croquis, de recherches et de notes prises lors de la création des différents protagonistes.