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Critique de Mattéo #3

par MassLunar le lun. 13 sept. 2021 Staff

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Un dernier été à Collioures

Après les bruns-gris de la Grande Guerre et le blanc rouge-sang de la Révolution Russe, Mattéo retrouve sa commune de Collioures sous le soleil d'un été décisif en 1936.

Un album plus calme, plus détendu mais pas de faux-semblants, l'Histoire se met de nouveau en marche pour ce fils d'anarchiste espagnol. Alors qu'il est sorti du bagne, Matteo semble plus assagi, moins bavard. D'ailleurs, plutôt que de faire suite au précédent album, ce troisième volet démarre sur une ellipse quelques années plus tard et la période du bagne est passée sous silence, même pas par le biais de flash-backs. Comme le déclare Mattéo, le "bagne, ca ne se raconte pas et ca ne s'oublie pas non plus". Un choix audacieux qui prouve que Jean-Pierre Gibrait sait aussi mener son récit en fonction de son personnage. Le côté taiseux de Mattéo par rapport à cette période prouve aussi l'assagissement de cet héros entraîné par la mouvance de l'Histoire qui n'en finit pas d'en voir de belles...

En parlant de belle, telle une jolie ritournelle, nous retrouvons également Juliette, l'amour de jeunesse de Mattéo qui lui apporte une importante révélation. Toujours au gré de l'Histoire, entre récit intimiste et chronique-fleuve, Mattéo prend un nouveau cap au bout de cet été et décide de rejoindre une Espagne de plus en plus meurtrie par la guerre. 

Un troisième tome qui comme l'annonce sa couverture dévoile toute la liesse d'un été à l'heure des congés payés de Léon Blum, du front populaire. Ainsi l'entourage de Mattéo représente également une facette de cette société d'alors entre son ami d'enfance Paulin, communiste BON vivant un tantinet déprimé ou le compagnon de la douce Amélie, Augustin un intellectuel radical-socialiste riche en discours mais peu doué en actes. Autour d'un pique-nique agrémenté de vin rouge et de bon sauciflard, les langues se délient, les relations entre les personnages évoluent, se rompent et la vie continue.

Une nouvelle fois, Jean-Pierre Gibrat combine aussi bien son talent de conteur à celui de dessinateur en privilégiant une ambiance ensoleillée, une galerie de couleurs vivifiantes, une atmosphère d'un bleu posé, estival entre pique-nique arrosés, piques échangées et échanges torrides avec la toujours jolie Juliette. Un album qui respire et qui laisse le temps se figer telle une peinture impressionniste mais en grattant un peu la lumière de ce soleil, on découvre aussi quelques tons plus ténébreux comme les partisans franquistes qui envoient  quelques armes discrètement. Quelques disputes, le ton monte puis sur coup de feu davantage que sur un coup de tête, Mattéo le sage repart en guerre...

Cet été 1936 est bien fini à Collioures. La nappe du pique-nique est renversée, il est temps pour Mattéo de partir à nouveau...

En bref

Un troisième opus tout en liesse. La France est menée par le front populaire, les gens font la fête sur la plage mais cet album estival est aussi traître que le vin rouge. Pour Mattéo, revenu du bagne de Cayenne, voici que le destin refrappe à nouveau à sa porte. Un superbe troisième tome que nous pouvons qualifier de parenthèse décisive.

9
Positif

La peinture de Gibrat qui nous régale par l'ambiance estival et tendue de ce troisième opus

Une galerie de personnages haut en couleurs et qui représentent aussi les orientations politiques qu'animent la France de ce temps

Un album qui fait office de parenthèse légèrement idyllique mais une parenthèse percée par le destin et l'Histoire qui s'acharne sur le pauvre Mattéo;

Negatif

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