In vino, Veritas ?

Derrière une couverture réhaussée d’un rouge vif, mélange de vin et de sang, s’ouvre un récit dramatique et réaliste, sur le rôle du vin lors de la première guerre mondiale.

Le sang de la vigne échauffe le sang des soldats, il leur insuffle le courage ou leur fait perdre la raison, mais en tous les cas les fait sortir des tranchées pour braver la mort quasi certaine.

A travers le récit d’un pinardier tire au flanc, violent avec les femmes, faussement exempté, les auteurs nous montrent toute la violente misère et l’infâme cruauté de cette guerre 14-18.

Si vous avez visité des tranchées, vous aurez en mémoire ces sinistres boyaux, où l’ennemi est à distance d’oreille, à quelques mètres. Une vie de boue, pas debout, rencogné entre deux murs de terre, plus mort que vif.

De planqué infâme, Ferdinand devient peu à peu un histrion, puis un héros antique, enfin un homme qui par expérience sait tout le mal de la guerre, de donner et côtoyer la mort.

Le récit, tel une tragédie antique, déploie ses tentacules à rebours pour nous montrer la complexité du personnage principal. Le dessin joue de couleurs et d’ambiances graphiques différentes pour passer de flashback au temps présent, ou aux misères à venir. Il y a juste ce qu’il faut de réalisme pour dépeindre la guerre, juste ce qu’il faut de forcer, parfois, pour en montrer la ridicule barbarie.

Une histoire saisissante où les auteurs ne mettent pas d’eau dans leur vin pour dépeindre les réalités d’une guerre où le vin pousse à la mort ou au crime les soldats français, dans une boucherie rougeoyante de vin et de sang.