Papillon

Après l’enfer des tranchées et le « Pinard de guerre », on retrouve Ferdinand Tirancourt au Bagne, à Cayenne. Condamné à huit ans de travaux forcés, la durée de sa peine, s’il survit, ne lui permettra pas de rentrer au pays. Il n’a d’autres solutions que de se laisser mourir ou de s’évader.

On a pu se rendre compte de son caractère d’escroc au grand cœur, de soldat courageux et droit, et on suppose qu’il choisira la deuxième solution.

Les auteurs dépeignent avec force réalisme, tant au scénario qu’au dessin, les mouroirs du Bagne. Les prisonniers ne sont pas là pour une repentance ou une future réinsertion. Non, le bagne est organisé pour les laisser mourir de maladie, de faim, de brimades et d’épuisement.

Pour éclairer un peu cette vision dramatique et certainement réaliste, le scénariste, comme dans le premier tome avec un danseur, introduit dans la trame un jeune violoniste. Accusé pour peu, acculé à la violence, il tempère par sa musique la sauvagerie de ses congénères, Tirancourt y compris. Quelques notes de finesse dans un monde de brutes.

Le dessin est à l’avenant : sombre et classique description d’un univers carcéral vécu de l’intérieur, où les couleurs sont à l’unisson de la détresse du bagne. A l’opposé, luxuriance de la faune et de la flore, sauvage et indompté, dans laquelle l’homme retrouve sa place, maillon fragile de l’échelle de l’évolution.

C’est un récit d’évasion dans l’enfer vert du bagne qui nous est conté, avec un scénario à tiroirs qui ne laisse que tardivement découvrir la fin, à la satisfaction du lecteur, ceci dans une atmosphère de moiteur et de violence très bien restituée graphiquement.