Une lame qui commence à s'émousser
Depuis le début de la série, on peut noter le style un peu atone de la mangaka Yua Kotegawa, un style qui se combinait parfaitement avec la froideur d'une intrigue implacable autour d'un tueur à gages amateur.
Jusque là, la série était plutôt convaincante. Les contrats s'enchainaient autour d'un antihéros peu à peu rongé par la culpabilité. De nouveaux protagonistes ont permis d'alimenter et de dynamiter un peu l'intrigue. Le résultat est classique mais efficace. Cependant, dans ce volume 4, le style atone et froid de Yua Kotegawa a fini par rattraper la série qui s'enlise ici dans une douce léthargie...
Ce volume 4 est assez faible, un comble alors que le volume précédent annonçait une périlleuse mission pour nos tueurs en herbes. L'objectif : tuer au même moment quatre boss d'une organisation criminelle. Logiquement, la mission devrait être plus ardue...en tout cas, c'est du moins ce qu'on pouvait espérer.
Et bien non, tout se passe superficiellement comme sur des roulettes avec un Shiki qui s'est métamorphosé en tueur expéditif et efficace. Jusqu'au volume 3, notre cher professeur suppléant n'était pas forcément à l'aise avec le meurtre. Le voilà qui accomplit cette mission sans particulière difficulté accompagné par le jeune escroc qu'il a pris sous son aile. Il y a un certain sentiment de rupture un peu mal emmené mais c'est surtout la difficulté de Yua Kotegawa à rendre cette mission palpitante et ce malgré une intervention de la police qui apporte un minimum de suspense mais vraiment le minimum syndical. Toujours est-il que le style jolie mais trop propre de la mangaka peine à donner de l'explosivité à ce contrat qui aurait pu être relevé avec un peu plus d'effets et un découpage beaucoup plus alerte. Le résultat est trop figé et expéditif.
La suite de l'intrigue peine à convaincre. La dynamique s'essouffle totalement et nous avons droit à quelques cases de buddy movie au sein de cet appartement qui n'aurait pas détonné dans l'esprit d'une sitcom. Ainsi les relations entre nos protagonistes se développent et allègent un peu le côté thriller de l'intrigue pour mieux se focaliser sur les personnages et notamment Shiki dont on comprend un peu plus les motivations et sa nature de tueur refoulé. Mais force est de reconnaître que certains personnages deviennent peu intéressant comme Ei, l'ancien délinquant qui se range du côté de Shiki et qui semble être là pour faire acte de présence. De même, Itsuki est de plus en plus enfermée dans son rôle de femme au foyer, un comble pour un personnage dont le don aurait pu être davantage exploité et lui apporter de la profondeur. Bref, on passera sur le côté "fantastique" de ce thriller qui jusque-là n'a pas apporté grand chose à l'histoire.
D'un autre côté, on peut considérer ce volume comme un tome de repos durant lequel les personnages développent davantage leurs liens comme la relation attendrissante entre Shiki et Itsukia. Malgré tout, Kimi no Knife possède encore cette étrange douceur qui n'enfonce jamais le thriller dans le macabre et nous pousse à le suivre. Mais cela sera t-il suffisant pour la suite ? .
Dans tout les cas, ce volume 4 s'achève sur un petit cliffhanger qui, je l'espère, sera beaucoup mieux exploité dans le cinquième opus au risque de voir Kimi no Knife s'émousser et perdre ainsi son délicat tranchant.
En bref
Un tome trop faible qui n'exploite pas assez le suspense de son intrigue et qui finit par être desservi par le style beaucoup trop atone de Yua Kotegawa. On pourra se rattraper un petit peu sur l'évolution et la relation entre certains personnages même si quelques-uns d'entre eux demeurent sous-exploités.
Positif
La relation Shiki/ Itsuki qui prend un détour un peu plus attendrissant
Le style tout en propreté de la dessinatrice
Negatif
... Mais un style qui finit par plonger la série dans une certain létargie
Un contrat décisif finalement vite expédié
La suite de l'intrigue qui manque d'intérêt.
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