L'art de se mettre dans la sauce

Imaginez. Que se serait-il passé si Stitch, au lieu de débarquer à Hawaii, avait atterri en pleine époque sengoku ? Hiroto Wada a répondu à cette question, en manga, sur trois tomes.

Si l'on retrouve dans la série quelques clins d’œil à l’œuvre d'origine (Stitch accro à la lecture, Ohana...) ceux-ci sont plutôt discrets et l'histoire s'éloigne tellement de sa source qu'il est tout à fait possible de l'aborder sans connaître « Lilo & Stitch ».

Sans vanne aucune, on a ici affaire à un pur OLNI (objet littéraire non identifié) mélangeant tranche de vie sauce historique basculant franchement dans la SF au fil du récit. Mais comme c'est n'importe quoi dès le départ, ça fonctionne. Le cœur tendre que Meison, seigneur de guerre impitoyable, ignorait posséder s'éveille instantanément en rencontrant Stitch, posant les bases de l'humour qui fera tout le sel de la série : le décalage contant entre le sérieux de sa situation et son envie soudaine de vivre de façon plus chill. Jeux traditionnels, cérémonie du thé, diplomatie, fonctionnement du système féodal... mine de rien, niveau culture, le manga permet de s'immerger dans l'époque, même si les lieux et personnages sont fictifs ainsi que les évènements non datés. De toutes façons, toute ressemblance avec certaines figures historiques bien réelles n'est définitivement pas fortuite et suffit amplement. On n'est pas là pour la reconstitution, mais pour s'amuser.

Si à chaque chapitre sa péripétie, un fil rouge se dessine à la fin du premier tome avec l'arrivée de vieilles connaissances, rappelant qu'il s'agit d'une réécriture de Stitch et non d'une création indépendante comme pouvait l'être « Miriya et Marie ». Certes, ledit fil rouge sera suivi de façon plus ou moins décousue, mais mine de rien, les derniers chapitres mettent le paquet sur le suspense, à défaut d'action. Toujours est-il que l'effet de surprise est là, efficace. La conclusion n'est pas en reste, en mode long épilogue, revenant sur ce qui deviennent les différents protagonistes. C'est par-fait et on referme la série avec le sourire.

Visuellement, mine de rien, c'est quand même très beau, qu'il s'agisse de Stitch, fidèle à lui-même et très expressif ; des humains, tous croqués d'un trait fin et bourré de détails ; ou des décors. Le découpage de la narration est globalement fluide et l'on n'est quasiment jamais perdu.

Côté livre-objet, l'édition de Nobi-Nobi est irréprochable, sans coquilles, avec un papier suffisamment épais et une reliure en apparence solide. Quelques pages couleur débutent le premier tome.

Si vous recherchez une série courte, sans prise de tête, feel-good, à l'humour léger, et avez un petit faible pour Disney, n'hésitez surtout pas à vous lancer dans ce mélange a priori ô combien bizarre, mais qui fonctionne en réalité très bien.