Les Etranges X-Men et les Jeunes Titans

Si j'aime beaucoup les premiers crossovers entre les univers Marvel et DC (les deux Superman/Spider-Man et Batman/Hulk), mon préféré reste le quatrième, l'excellent The Uncanny X-Men and the Teen Titans publié aux Etats-Unis en 1982 et en France en 1985 dans le cinquième album de la collection X-Men en grand format. En 82,  Uncanny X-Men de Chris Claremont (dont Dave Cockrum venait de reprendre les dessins) et New Teen Titans de Marv Wolfman et George Pérez faisaient partie des séries les plus populaires et les deux éditeurs ont donc aisément vu le potentiel de les réunir dans une grande aventure fonctionnant sur le modèle de la "Terre partagée". 

Comme pour les crossovers précédents, l'histoire prend place dans un monde où les héros Marvel et DC cohabitent, tout en respectant la continuité de chaque univers. Le grand méchant est Darkseid, dont le plan est d'utiliser l'énergie du Phénix Noir pour alimenter sa machine de destruction et faire de la Terre une nouvelle Apokolips. Pour ce faire, il va recréer le Phénix en puisant dans les souvenirs des X-Men et dans les énergies résiduelles laissées par la puissante entité dans tous les lieux où elle a manifesté ses pouvoirs. Pour accomplir cette tâche, il s'est offert les services du mercenaire Deathstroke.

Pour les X-Men, cela va réveiller des blessures qui n'avaient pas eu le temps de se refermer...surtout quand ils sont abordés par une vision de Jean Grey avant sa transformation, venue les avertir du danger. Les Jeunes Titans sont quant à eux prévenus de la catastrophe à venir quand Raven est réveillée par un cauchemar dans lequel elle assiste à l'arrivée du Phénix. La description de l'empathe provoque la colère de Starfire, qui avait assisté à une démonstration de force du Phénix Noir avant de se réfugier sur Terre. 

Très bien servis par une superbe partie graphique signée par un Walt Simonson (secondé par Terry Austin à l'encrage) qui enchaîne les scènes marquantes et les bastons puissantes, les rebondissements sont nombreux et après l'habituelle petite confusion (aussi bien du côté des Titans à cause de l'empressement de Starfire que des vilains), les X-Men et les Titans vont unir leurs forces dans un dernier acte spectaculaire et dramatique. Chris Claremont soigne la caractérisation, concocte de bonnes petites interactions entre les membres des deux équipes et sait faire parler l'émotion au milieu de l'action, donnant ainsi encore plus de force au très beau final. 

Suite au succès de cet album, une suite avait été envisagée, cette fois-ci réalisée par Marv Wolfman et George Pérez. Mais les relations entre Marvel et DC s'étaient détériorées pendant le développement du JLA/Avengers que devait également illustrer Pérez, menant à l'annulation des deux projets et à l'arrêt des crossovers entre les deux maisons d'édition jusqu'aux années 90.